Des personnalités algériennes politiques et autres seraient derrière la mise à sac des richesses archéologiques et historiques de notre pays.Ces mêmes personnalités seraient derrières la non-adhésion de l'Algérie à la convention d'Unidroit. Une telle adhésion aurait permis aux autorités algériennes de prétendre à la récupération des pièces et objets volés en différentes régions du pays et, éventuellement, connaître les auteurs des vols. A Annaba, où ils s'étaient réunis pour un séminaire, les participants dont des représentants de l'Unesco et Mme Marina Schneider, membre de l'institut international Unidroit, en avaient parlé par allusions. Plusieurs d'entre eux avaient pris pour référence la toute récente révélation d'un général de brigade de carabiniers italiens. Ce général aurait souligné que des trésors archéologiques et d'art ont quitté nos frontières dans des valises diplomatiques algériennes pour être cédés à des prix très bas à des collectionneurs et à des maisons d'art. « Lors de la conférence diplomatique organisée en juin 1995 à Rome pour l'adoption du projet de convention Unidroit, les représentants de la totalité des pays participants avaient remis l'inventaire de leurs biens culturels volés ou illicitement exportés. Seuls les Algériens, pourtant présents à cette conférence, avaient gardé le silence. En 2005, l'on est toujours au même point », a affirmé Nourredine M., un des participants au séminaire de Annaba. Les « affaires » qui, ces dernières années, ont animé la chronique politico-judiciaire internationale autour du patrimoine culturel mondial, renforce la conviction des animateurs d'Unidroit qu'ils ont une mission d'utilité publique internationale. Cette mission se justifierait par la présence de 30% des biens culturels d'origine illicite mis aux enchères par les plus grandes maisons de vente. Elle se justifie également par l'implication de bandes et réseaux mafieux y compris des sectes dans le trafic des biens culturels. Ces bandes, réseaux et sectes se trouvent non seulement en Europe centrale et orientale, mais aussi et surtout dans les pays en voie de développement qui s'ouvrent à l'économie de marché, à l'image de l'Algérie. M. Kamel Rahmaoui, docteur en droit international et chercheur spécialiste dans le trafic illicite des biens culturels formé à Unidroit, a avancé qu'en Suisse, pays qui abrite les plus prestigieuses maisons d'art, la valeur des transactions sur le marché international de l'art a atteint 1 milliard de francs suisses en 1994. En France, une année plus tard, elles se sont chiffrées à 500 milliards de francs français. Unidroit intervient dans l'unification des textes et lois en matière de gestion du patrimoine culturel. Cette disparité et cette discordance dans les lois de la majorité des pays de la planète sont à l'origine de la multiplication des pôles spécialisés dans la vente de biens culturels. Les plus dominants de ces pôles sont Londres, Paris et New York où, pourtant, ne résident ni les vendeurs ni les acheteurs. Selon M. Rahmaoui, de grandes maisons d'art enregistrent d'importants chiffres d'affaires dans la vente des objets d'art. disparité C'est le cas de celles de Londres, Christie's, qui, en 1997, a réalisé un chiffre d'affaires de 12 milliards de francs français (FF) et Sotheby's avec un chiffre d'affaires de 10 milliards de FF durant la même année. M. Kamel Rahmaoui a estimé que les associations criminelles en matière de biens culturels utilisent un grand nombre d'employés des services diplomatiques des pays du tiers monde. « A eux seuls, les services de sécurité russes ont déjoué, en 1991, 41 tentatives de diplomates visant à exporter illégalement des œuvres d'art. D'où la raison d'être de la convention Unidroit relative à la restitution des biens culturels volés ou illicitement exportés », a-t-il argumenté. Ce qui n'est pas le cas en Algérie. L'affaire dite « des allemands du Tassili » de 2005 a été la seule fois où les services algériens de sécurité ont été autorisés à intervenir dans le domaine archéologique et œuvres d'art. Ils l'on fait avec efficacité et célérité. A défaut, les objets archéologiques patrimoine national trouvés en possession des touristes allemands auraient disparu sans espoir de les récupérer, l'Algérie n'étant pas membre de Unidroit. Ce dernier est un institut international créé en 1926 pour unifier et uniformiser le droit privé et harmonisé celui civil. Ayant son siège à Rome, il n'est pas rattaché à l'Organisation des Nations unies. Son président est nommé par le gouvernement italien. L'Unidroit est essentiellement alimenté par les fonds des Etats membres. Il est doté d'un conseil d'administration composé de chercheurs en droit de renommée mondiale. « L'adhésion à Unidroit en contrepartie d'une cotisation symbolique peut être d'un important apport pour la récupération des biens culturels illicitement exportés. Il est malheureux que l'Algérie ne soit pas membre. L'influence qu'exercent sur notre pays certains Etats arabes, dont les responsables ne s'intéressent qu'à ce qui se fait dans les pays anglo-saxons, a joué. La Tunisie n'en a jamais fait cas, ce qui fait sa réussite dans tous les domaines. Elle a rejoint les 58 Etats membres de Unidroit », a précisé M. Rahmaoui. Certains aspects des activités de Unidroit ont été abordés dans l'entretien que Mme Marina Schneider, chargée d'études de cet institut international, a bien voulu nous accorder.