Inspirant souvent la pitié et suscitant parfois la crainte et l'inquiétude, les malades mentaux sont abandonnés à leur triste sort. Chaque année à l'approche de l'été, la ville de Chelghoum Laïd enregistre une cohorte d'aliénés déguenillés et hirsutes qui déambulent à travers les artères de la cité. En s'aventurant quelquefois près des établissements scolaires, ils provoquent une vraie panique, du moins pour ceux qui sont armés de gourdins ou balançant à l'emporte-pièce des pierres. Agressifs ou pas, ces « fous furieux » constituent un réel danger. Des citoyens agressés ont vérifié à leurs dépens qu'un fou déchaîné est capable de nuire à la sécurité des passants. Certains forcenés ont été parfois à l'origine de jets de pierres brisant les glaces de véhicules et de vitrines. De jeunes plaisantins trouvent amusant de provoquer ces « fous errants » brandissant des objets métalliques et divers projectiles. Que dire alors de ces marginaux qui, au plus fort moment de leur hystérie, exhibent innocemment leur nudité en public ? Livrés à eux-mêmes et mis au ban de la société, les malades mentaux ne bénéficient d'aucune prise en charge sérieuse, sinon ils sont internés pendant de courtes périodes dans un quelconque établissement hospitalier spécialisé. Ces malheureuses créatures qu'on a tendance à accabler de tous les maux peuvent être coupables de délits divers, mais l'on ne doit pas occulter le fait que leur responsabilité est diluée quelque part. Cependant, il serait tout aussi coupable et inhumain de les jeter en pâture aux aléas de l'indifférence et de l'hostilité.