Les 370 travailleurs de la Société des faïenceries de Mila (Sofem), ex-ECVE, sont-ils en train de ramer, en mythe de Sisyphe, dans la houleuse guéguerre qui les oppose à leur direction qui leur a fait voir des vertes et des pas mûres ? L'intransigeance, pour ne pas dire la main de fer avec laquelle a été gérée la grève qui a duré trois mois, jour pour jour, accrédite la thèse du jusqu'au-boutisme prônée par l'administration. Preuve en est que pas moins de 18 décisions de licenciement assorties de la mention « sans indemnités ni préavis », une cascade de suspensions à titre conservatoire et un terrible forcing qui s'apparente à une mise au pas, plaident pour la reprise en main de l'entreprise. D'autant plus, nous affirme le PDG de la Sofem, Ali Krid, qu'un partenariat prometteur avec un groupe portugais se profile de plus en plus à l'horizon. La détermination des tenants du débrayage semble s'effilocher sous les coups de boutoir d'une administration décidée plus que jamais à passer la vitesse supérieure pour faire régner l'ordre, et partant, mûrir le dossier de partenariat, seule planche de salut aux yeux de notre interlocuteur. Lequel dossier est, à l'heure qu'il est, entre les mains de la chambre arabo-portugaise et que c'est le bureau d'études partenaire qui a piloté la privatisation de l'ENAD, à présent, à 100% Henkel, qui chapeautera le partenariat avec les Portugais qui maintiendront l'effectif, donc les 370 travailleurs et relanceront l'activité, selon le premier responsable de l'entreprise. Il y a lieu de souligner aussi que le collectif des travailleurs est passé de 486 ouvriers à 370 suite à la mise en place d'un plan de redressement qui a favorisé l'option de retraite proportionnelle confortée par des mesures incitatives. La concrétisation effective du partenariat, vers septembre prochain, verra le passage de Sofem à Sofal-Algérie et se traduira par une injection financière de l'ordre de 500 millions de dinars, dont 15 millions pour le paiement des arriérés de salaire et 35 millions pour l'acquisition des matières premières et le paiement de divers fournisseurs. Quant au découvert bancaire qui est estimé à 18 milliards, l'on nous informe qu'il sera résorbé dans le cadre de protocole d'accord avec la banque domiciliatrice. Le groupe portugais qui prendra initialement 60% des parts de l'entreprise investira 250 millions de dinars dans l'installation de nouveaux fours (les anciens datant d'une technologie vieille de 25 ans), et aussi en vue du changement des design. S'agissant des capacités théoriques de production qui sont actuellement à 5000 t/an, soit 19 134 000 comités de céramique-table, elles atteindront 25 millions de pièces, dont 50% seront destinées à l'exportation. Questionné à propos des 18 licenciements que d'aucuns qualifient d'arbitraires, Ali Krid affirme que ces ouvriers (ères) ont pris part à une grève illégale, étayée par un jugement du tribunal de Mila ainsi que la cour de Constantine et dont le préjudice financier a été évalué par une commission technique à 1,860 milliard de centimes. Et d'ajouter : « Nous avons en outre déposé une plainte à cet effet contre les fauteurs de trouble. » Les ouvriers ont repris le chemin des ateliers, mais...