Le culte du secret qu'entretient l'Etat hébreu autour de ses capacités nucléaires tant civiles que militaires ne fait qu'augmenter le flou concernant la sécurité de ses installations. Avant-hier, les autorités israëliennes ont commencé à distribuer des pilules d'iode aux personnes vivant près de ses deux réacteurs nucléaires pour prévenir le risque de radiations en cas de dommages aux installations nucléaires, a indiqué dans un communiqué le porte-parole de l'armée. « Les tablettes à l'iode fournissent une protection contre la radio-activité en cas de risque majeur de dommage à un centre de recherches nucléaires », a indiqué ce communiqué. En fait, ces capsules d'iode saturent la thyroïde et retardent la contamination par les radiations de cette glande, qui est le premier organe humain à subir ce genre de contamination. Cette opération, estime un spécialiste, masque une fuite radioactive qui a eu lieu dans le réacteur de Dimona. Les autorités israéliennes préfèrent parler de « prévention des risques ». Dans une déclaration rendue publique par le ministère israélien de la Défense, les médicaments distribués permettront de « mieux protéger la population en cas de bombardement des réacteurs nucléaires ou de tout autre accident naturel ». « Nous avons pris cette décision parce que des rapports ont prouvé que ces pilules sont efficaces et devraient être ingérées au plus vite en cas d'augmentation des radiations autour des réacteurs de Dimona et Nahal Sorek », avait-il ajouté. Le stockage de pilules d'iode accompagne toute mise en service d'un équipement nucléaire, la distribution elle n'a lieu qu'en cas d'incident, car l'absorption intempestive de cet élément faiblement radioactif peut provoquer un cancer de la thyroïde : sa distribution doit donc être strictement contrôlée. Israël dispose d'une centrale de recherches nucléaires à Nahal Sorek, au sud de Tel-Aviv, et d'un réacteur à Dimona, créé dans le désert du Néguev (sud) à la fin des années 1950 avec l'aide de la France. A Nahal Sorek, l'Etat hébreu a installé dans les années 1970 un centre de recherches et de développement spécialisé dans le nucléaire civil et militaire. Certains experts s'inquiètent du caractère obsolète de ces installations. Israël refuse toujours de reconnaître qu'il détient des armes nucléaires, mais les experts militaires étrangers lui attribuent un arsenal de 100 à 200 ogives nucléaires. Trois sous-marins de type Dolphin, de fabrication allemande, croisent 24h sur 24, au large des côtes du Moyen-Orient, avec à leur bord une quinzaine de missiles balistiques nucléaires de type Popeye Turbo, d'une portée de 350 km. Des submersibles de type Leviathan et Tekumah, représentent, eux aussi, une menace conséquente dans la course à l'armement nucléaire dans la région.