Elle a la taille, l'apparence et la beauté. La statue d'Ahmed Zabana a fait sa grande apparition, hier, après avoir pris place au cœur du rond-point portant le même nom. La statue du héros se dresse telle une créature venue de l'héroïque temps de la Révolution. D'une mouvante couleur bronze et entourée de fines cordelettes de fleurs, la statue a été exposée au grand jour. Abderrahmane Maza, son sculpteur, a conçu et exécuté ce modèle en pierre après avoir réalisé 14 œuvres dans d'autres villes du pays, à l'image de la statue d'El Mokrani à Bordj Bouareridj. Cet autodidacte affirme pourtant qu'il ne disposait que d'une photo en noir et blanc du héros avant de commencer à sculpter l'œuvre. Après avoir parfait le modèle de pierre, le sculpteur a dû longuement s'exercer à l'art de la taille. Précision très importante d'Abderrahmane : le modèle n'est pas un morceau « d'invention » mais une « représentation symbolique. » La représentation présente l'anatomie d'un corps musclé et le visage expressif d'un héros triomphant et fier. « J'avais fouillé dans l'histoire de ce héros, de sa famille et de ses compagnons de lutte avant de passer à l'acte », précisera Abderrahmane. A l'heure où Oran se cherche des référents, la ville aime aujourd'hui à se souvenir de ses héros. De style révolutionnaire, la statue semble vouloir incarner une image héroïque du peuple durant la glorieuse guerre de libération de 1954 à 1962. Se dressant sur 3, 70 mètres de haut, la statue se distingue par son air décidé, et son mouvement en dit sans doute autant sur le caractère héroïque du premier condamné à mort de la guerre d'indépendance que sur son physique volontairement mis en relief. Cette dimension symbolique permet à la statue de rendre un hommage monumental à son héros qui incarne tout un combat pour la libération du pays. Elle jette un regard lointain sur un événement à jamais gravé dans la mémoire collective, celle d'un certain 19 Juin 1956, jour de l'exécution capitale d'un des meilleurs fils de l'Algérie en guerre pour le recouvrement de sa liberté et son indépendance, Ahmed Zabana. Ce militant de la cause nationale avait été arrêté avec un certain nombre de militants engagés dans les rangs du FLN-ALN. Accusé d'avoir notamment assassiné un garde-forestier dans la région de la Mare d'Eau (village à l'ouest), le tribunal criminel d'Oran a retenu la culpabilité de tout le groupe, mais Zabana fut le seul condamné à mort. La capitale de l'Ouest, reconnaissante, a dédié un boulevard, un stade, un lycée et un musée à ce héros.