Même s'ils n'ont pas eu d'incidences notables sur la santé des populations limitrophes et de leur environnement, du moins selon la version avancée par les autorités compétentes de la wilaya de Constantine, les quelques accidents ayant affecté des transformateurs contenant des huiles Askarel ne peuvent être occultés pour autant, sachant que leur haut degré de toxicité demeure une sérieuse menace pour l'environnement et la santé des citoyens. Survenu en 2002 au Complexe pelles et grues de Aïn Smara, le dernier accident en date a été imputé à une fuite d'huile à base de PCB lors du transfert d'un transformateur usagé vers l'abri de stockage prévu à cet effet et qui abrite à l'heure actuelle 11 transfos usagers et 6 bennes de terre contaminée par ces huiles. La même année, un incendie avait affecté un transformateur situé à proximité d'un arrêt de bus de la ville d'El Khroub. Un incident similaire avait été signalé en 1986 au Complexe moteur tracteur de Oued Hamimime où sont stockés actuellement, selon la direction de l'environnement, 8 m3 d'huile Askarel, 3 transfos et 13 accumulateurs usagers. Cette même source d'information indique, en outre, que 100 transfos et 3 condensateurs ont été mis au rebut dans le cadre d'une opération d'élimination des appareils à base de PCB ainsi que tout ce qui a pu être contaminé par ce produit hautement toxique. Faut-il également rappeler les accidents les plus importants survenus à travers le pays, plus précisément à Arris au cœur de l'entreprise ENIB, à Boufarik à la Soitex, en 1986 à Mostaganem et à Boumerdès. Des accidents dus à des erreurs de transport ou de manutention ou, dans certains cas, suite à des ruptures de canalisations, des fuites par les joints de cuve des transfos et des condensateurs ou des éclatements de cuves lors d'amorçages électriques. A titre indicatif, il faut rappeler que 23 décès imputés à une contamination par PCB avaient été enregistrés en 1974 à travers le territoire national. Les principaux symptômes observés indiquaient, selon une source autorisée, des troubles cutanés et visuels, une coloration brunâtre de la peau, des signes de bronchite aiguë, des chutes de cheveux, une perturbation du cycle menstruel chez les femmes et un retard de croissance chez les bébés. Dès lors, en vertu du décret n° 87-182 du 18 août 1987, les conditions d'exploitation, d'utilisation, de manipulation, de transport et de stockage des huiles à base de PCB seront soumises à des conditions draconiennes. En application des textes de loi, un comité piloté par la wilaya de Constantine s'active depuis quelques années à mettre en place toutes les balises de sécurité prévues par la réglementation en vigueur. Composé des représentants de la direction de l'environnement, de ceux de la Protection civile et de la santé, ce comité a pour mission de recenser les transformateurs mis au rebut et surtout s'assurer que les aires de stockage répondent aux conditions drastiques fixées par l'article 13 du présent décret. Par ailleurs, depuis la promulgation de cette loi, souligne un ingénieur de la direction de l'environnement de Constantine, plusieurs mesures transitoires préventives ont été prises, notamment l'interdiction de la commercialisation de ce type de produit et l'obligation faite aux détenteurs de transformateurs à base d'huile Askarel d'implanter des aires de stockage agréées par la Protection civile. A ce propos, des informations fiables émanant de la direction générale de Sonelgaz soulignent que 37 000 l d'huile Askarel et près d'un millier de transformateurs au rebut sont stockés à travers le territoire national. Concernant la wilaya de Constantine, les appareils à base d'huile Askarel ainsi que les déchets contaminés proviennent essentiellement du secteur industriel qui compte, à lui seul, 38 transformateurs et 3 condensateurs hors de service et mis au rebut, nonobstant les déchets contaminés. Estimant que le risque zéro n'existe pas et à plus forte raison quand le contrôle et le suivi de l'important parc recensé n'exclut pas un dérapage quelconque, toutes les parties prenantes dans ce dossier ont accueilli avec soulagement les mesures prises par le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement. Il s'agit, pour l'essentiel de procéder dans le courant de l'année à l'enlèvement et à l'élimination de tous les appareils et déchets recensés par le comité de wilaya. Cette opération exigeant une technologie de pointe, on précise qu'il a été fait appel à une société française, la Cofal, qui devra transférer à Alger les transfos au rebut et les déchets contaminés avant de les évacuer vers le territoire français, où ils seront éliminés, selon des procédés High Tech.