Détenus par 29 organismes issus de différents secteurs d'activité, une centaine de transformateurs électriques sont à l'heure actuelle répertoriés sur le territoire de la wilaya de Constantine, selon un rapport établi par un comité intersectoriel placé sous l'autorité directe du wali, et composé des services de l'environnement, de la Protection civile et de la santé. Le rôle de cet organisme est d'assurer un recensement et un suivi rigoureux du parc de transformateurs fonctionnant ou ayant fonctionné à base d'huiles polychlorobiphényles (PCB), plus connues sous le nom générique d'huiles Askarel qui se présentent à l'état liquide, solide ou pâteux. Les spécialistes en la matière s'accordent à dire que ces huiles ne sont pas biodégradables en milieu naturel et que leurs effets nocifs se manifestent à la suite d'un contact direct, d'une dispersion dans l'environnement ou d'une décomposition thermique. Les causes de pollution rapportées par les services compétents seraient liées à un déversement volontaire dans la nature, un ferraillage ou une vidange sauvage des transformateurs et des condensateurs, mais aussi suite à des accidents dus à une explosion, un incendie, une rupture de canalisations, une fuite par les joints de cuves, des incidents de transport ou de manutention. D'après cette même source, en cas de contamination de l'homme, un certain nombre de symptômes peuvent être observés, dont des troubles visuels ou cutanés, une chute de cheveux, des signes de bronchite aiguë, un dérèglement du cycle menstruel chez les femmes et un retard de croissance chez les bébés. Rien que ça ! D'après un historique élaboré par la direction de l'environnement, à ce jour, trois accidents ont été déplorés au niveau de la wilaya de Constantine. Les conclusions des enquêtes menées par les services compétents n'ont noté à ce jour aucun impact sur les riverains ou sur l'environnement. Le premier accident a eu lieu en 1986 au niveau du complexe moteurs et tracteurs de Oued H'mimime, suite à un incendie survenu sur un transformateur. Le second a eu pour cadre le complexe de pelles et grues de Aïn Smara, où l'on a déploré une fuite d'huiles Askarel au moment du transfert d'un transformateur usagé vers un abri où étaient déjà stockés 11 transformateurs usagés et 6 bennes pleines de terre contaminée. Le troisième a eu pour théâtre la commune d'El Khroub, et plus précisément dans un transformateur électrique situé à proximité d'un arrêt de bus. A l'échelle nationale, plusieurs accidents ont eu lieu entre 1984 et 1986, à Boufarik, à Batna, Boumerdès et Mostaganem. En 1974, on avait imputé 23 décès à une contamination par des huiles Askarel. Un triste record qui sera à l'origine des mesures drastiques prises par la suite pour éviter que de tels accidents ne se reproduisent. L'obligation sera faite aux détenteurs de transformateurs usagés de procéder à leur enlèvement, via un partenaire européen agréé par les pouvoirs publics. Sa mission est de confiner les polluants dans des conteneurs spéciaux, avant de procéder par convois sécurisés à leur évacuation vers l'étranger, où ils seront neutralisés dans des stations de haute technologie. A ce sujet, la direction de l'environnement révèle dans un récent rapport que 55 transformateurs ont déjà été collectés par cette voie.