La chanteuse française Sapho a gratifié, mardi dernier à la salle Ibn Khaldoun, le public avec une soirée musicale où se croisent les styles oriental et occidental. Une agréable synergie dans laquelle est esthétiquement infusé l'air flamenco dans toute son âme ibérique. Ainsi, la soirée est entamée avec l'Appel du Gitan ou Manuelle. Suit J'accuse pas le « J'accuse » de Zola, mais celui d'une dulcinée qui se sent plus jeune parce que son amant déborde de tendresse. Sapho chante aussi le conflit israélo-palestinien et le poète Mahmoud Darwiche évoquant une terre des malentendus, où les avatars de l'histoire ont banni jusque-là la paix de par la stupidité des hommes. L'artiste chante Chahrazade, composée avant la deuxième guerre du Golfe à Baghdad et un texte anti-militariste d'Arthur Rimbaud, avec une voix qui s'adresse aux puissants. Sapho chante dans plusieurs langues : l'arabe, le français, l'espagnol, et inocule à chacune d'elle l'âme musicale qui exprime son originalité culturelle tout en la mêlant à d'autres genres. Et cela, sans dissoudre pour autant les particularismes. Lesquels s'effacent discrètement les uns dans les autres pour se métamorphoser en une symbiose attrayante. Dans un air flamenco, est chantée La jalousie, un sentiment qui corrode au point que même plus fort, « quelque chose en nous s'éteint ». Le même thème est abordé en espagnol avec ce mélange afro-cubain orientalisé. Quatre musiciens algériens se joignent ensuite à l'orchestre pour interpréter des airs arabo-andalous. Après Maman j'aime les voyous et L'étranger, entre autres, est invité sur scène le duo Zakia Terki-Nourreddine Saoudi pour interpréter une chanson andalouse. Un genre que maîtrise aussi Sapho. Elle en a interprété quelques œuvres. Avant de chanter une œuvre d'Oum Keltoum. Le texte disait à peu près : Qu'en est-il de mon cœur Qu'en est-il de ce lieu de lumière et de beauté qui m'appelle Mon cœur est désorienté je suis un amour Un papillon égaré.