Concert Une soirée musicale a été animée, mardi, à l?occasion de la fête de la musique par Sapho, à la salle Ibn Khaldoun. Avec sa voix rocailleuse, la chanteuse est allée à la rencontre de deux mondes, à la jonction de deux cultures, de deux rives : l?Orient et l?Occident, les mêlant dans une structure musicale variée, dense et singulièrement truculente. Le nay se mêle à la guitare sèche, le qanoun fusionne avec la guitare électrique, la derbouka et le violon (au timbre oriental) glissent et se fondent dans les sons de la basse, le tout associé à des mélodies orchestrées par ordinateur et que l?on appelle «musique électronique». Française d?origine juive marocaine, Sapho, trépidante, démonstrative, abondante, déborde de vitalité et dit ses textes sur une musique à plusieurs accents, aussi bien orientaux qu?occidentaux, modernes qu?anciens. C?était une véritable expression musicale plurielle, colorée et pleine d?agréables saveurs évocatrices. Associant à son chant musique et danse (agitations, déplacements incessants, sursaut?), Sapho, qui se veut un trait d?union entre l?Orient et l?Occident, un rapprochement des deux rives de la Méditerranée, a chanté Bagdad, Oum Kaltoum, Rimbaud et même Fadila D?ziria? Elle a déclamé un poème de Mohamed Derwich. Elle a chanté l?Orient sur des airs occidentaux, et inversement. Elle a chanté la musique, la création musicale qui se fait par l?ouverture d?esprit et le rapprochement des cultures. Sapho a chanté l?humanité, l?universalité, et la tolérance. D?une spontanéité étonnante, d?une présence forte, charismatique, attachante, Sapho, à l?aise dans sa performance musicale, d?où cette agilité et ce caractère altier par lequel elle s?est distinguée, exprimait sur scène sa passion pour la musique qui, elle, traduit une joie intérieure, une euphorie esthétique qu?elle a bien montrées à travers son «écriture musicale». Elle chantait, et elle prenait un plaisir indicible à chanter. Plus tard, Sapho a convié le public à monter sur scène pour danser, celui-ci a répondu favorablement à sa demande : hommes et femmes dansaient, Sapho avec eux, créant une ambiance joyeuse et conviviale. Sapho a également invité quatre instrumentistes algérois (instruments à corde et percussions) à s?associer à son orchestre pour interpréter deux chansons de son répertoire. Elle qui aime partager, donner, a amicalement convié Nourredine Saoudi et Zakia Terki Kara, deux interprètes de la musique arabo-andalouse, à exécuter, pendant près d?une demi-heure, un istikhbar arabo-andalou. La soirée ne s?est pas arrêtée là. Elle s?est poursuivie avec le même dynamisme, les mêmes accents et la même orchestration.