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Le secteur des hydrocarbures en ébullition
130 cadres limogés à Sonatrach
Publié dans El Watan le 25 - 06 - 2005

Mardi, en fin d'après-midi, un téléfax, selon des sources concordantes, a fait l'effet d'un véritable tsunami parmi les cadres dirigeants du groupe Sonatrach.
En effet, certains avancent le chiffre de 130 cadres dirigeants, cadres supérieurs, divisionnaires et autres postes de responsabilité à des échelons divers de la hiérarchie du groupe Sonatrach à travers le territoire national écartés et/ou suspendus de leurs fonctions, c'est selon les interprétations des uns et des autres. Pour la seule zone industrielle d'Arzew, « pas moins d'une quarantaine de cadres supérieurs et de cadres dirigeants se sont vu signifier leur décision de mise à l'écart de la gestion courante de leur entreprise pour le moment, à titre conservatoire, et des intérimaires auraient été aussitôt désignés ». C'est ainsi que l'on saura que pratiquement tous les directeurs de complexe du pôle pétrochimique d'Arzew ont été touchés par cette décision, parmi lesquels figureraient ceux des complexes GP1/Z, GL1/Z, GL2/Z, Naftec, SNTM Hyproc, RTO, DRC... Et la liste est longue. Le plus surprenant dans cette affaire, et au-delà des lectures des uns et des autres, certains directeurs, aujourd'hui dans l'œil du cyclone, ont été auréolés et plébiscités dans de fastueuses cérémonies, présidées par le président-directeur général du groupe Sonatrach, Mohamed Meziane, et d'autres par le ministre de l'Energie et des Mines lui-même, il y a à peine trois mois, au Camp 5 de Aïn El Bya (Arzew), et où leur qualité de manager, leur efficacité et leur sens des responsabilités ont été cités en exemple. A chaque cérémonie de certification ISO - là également la liste des complexes certifiés ISO est longue - les managers sont cités en exemple. Selon certaines indiscrétions, ce qui leur est reproché a trait, semble-t-il, à « des passations de marchés illégales et le non-respect de la procédure d'achat, notamment de pièces de rechange ». En somme, c'est la fameuse procédure du bulletin d'appel d'offres du secteur de l'énergie et des mines (Baosem) mise en œuvre par Chakib Khelil qui serait la cause de cette véritable purge parmi les « gestionnaires du secteur des hydrocarbures ». Un cadre dirigeant nous confiera à ce propos : « L'instauration du Baosem impose l'acquisition de la pièce de rechange selon le principe du prix le moins disant. Mais le moins disant ne signifie pas forcément fiabilité de la pièce de rechange. » Et d'ajouter, dépité : « C'est tout notre dilemme de cadres gestionnaires : d'un côté l'obligation de production et de l'autre des contraintes bureaucratiques absurdes. » A ce propos, l'on saura qu'« une enquête de la gendarmerie est en cours et que des représentants d'un fournisseur étranger auraient été entendus dans ce cadre, il y a quelques jours ». Selon des sources crédibles, « les cadres écartés ont tenu, mercredi matin, une réunion secrète dans une structure de la zone industrielle pour mettre en œuvre une stratégie commune de riposte ». Côté syndicat, un membre du secrétariat national de la Fédération nationale des travailleurs du gaz et de la pétrochimie (FNTGPC) nous dira : « Ils nous ont laissés tomber lors des débats sur l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures. Maintenant qu'il est adopté, ils assument. On ne bougera pas le petit doigt pour les soutenir. » En fait, selon de nombreux spécialistes de la question au niveau du pôle énergétique d'Arzew, la véritable lecture est ailleurs. Elle concerne les prolongements directs de l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les hydrocarbures. Pour certains, « c'est un message clair, par anticipation, pour prévenir d'éventuelles résistances au projet de filialisation de certaines branches d'activité du groupe Sonatrach dont les premiers sur la liste sont déjà connus, à l'instar de l'Institut algérien du pétrole (IAP), le Centre de perfectionnement de l'entreprise (CPE), la Région transport ouest (RTO)... ». D'autres, par contre, vont plus loin dans leur analyse. Pour eux, « ce n'est ni plus ni moins qu'une manière (grossière) de discréditer les cadres dirigeants nationaux et de recourir à des sociétés de gestion étrangères. Et les exemples à ce sujet ne manquent pas ». Notre interlocuteur dira, ironiquement : « L'ensemble des cadres aujourd'hui discrédités ont postulé, d'une manière ou d'une autre, dans le cadre de la bourse de l'emploi initiée, elle aussi, par le ministre de l'Energie. » Et d'ajouter : « Ils ne sont pas tous véreux. » En tout état de cause, cette décision, le moins que l'on puisse dire, a provoqué un véritable séisme au sein du pôle pétrochimique d'Arzew et certains n'hésitent même plus à redouter « une démobilisation générale chez les cadres du secteur ». Ce qui, selon de nombreux observateurs, « déstabiliserait fatalement un secteur névralgique pour l'économie du pays ».

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