Qui n'a pas assisté ne serait-ce qu'une fois à une scène de cascade en moto exécutée sur la voie publique ? Les jeunes roulant sur ces engins légers accomplissent des folies et font fi du code de la route mettant en danger leur vie et celle des citoyens. Le phénomène enfle rapidement et provoque la crainte, notamment chez les automobilistes qui ne savent pas comment réagir devant ces jeunes. En l'absence de chiffres, il est impossible d'évaluer l'ampleur du phénomène ou du moins connaître le nombre d'accidents provoqués par les motocyclistes. L'attitude est la même au niveau national puisque les chiffres macabres des accidents de la route passent sous silence la proportion causée par les deux-roues. Plus grave encore, les agents chargés de la circulation n'agissent pas face aux dépassements des motocyclistes et semblent même les tolérer. Pourtant, la législation est claire en désignant les règles de conduite de la moto et les dispositions obligatoires que doit prendre le motocycliste. A titre d'exemple, le défaut de port de casque est puni par l'article 71/10 du code de la circulation par une contravention de 800 DA. C'est un délit considéré donc au même titre que le défaut de port de ceinture de sécurité pour les automobilistes, sauf que contrairement à ces derniers qui sont dans l'œil du cyclone depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle loi, les motocyclistes, eux, jouissent d'une impunité désarmante. Par ailleurs, leur comportement de kamikaze est craint par les passants et automobilistes. Tout le monde a dû le constater, leur conduite est loin d'être conventionnelle. Dépassement inopiné à gauche et à droite, cela ne fait pas de différence pour eux. Les manœuvres dangereuses sont devenues une marque chez ces jeunes qui en abusent pour se distinguer et se faire remarquer. L'article 72/6 puni plus sévèrement ces comportements, mais qui les inquiète ? Le phénomène ne s'arrête pas là. Perçue comme un outil de divertissement et de liberté sans limites, la moto est aussi appréciée chez nous pour sa facilité d'accès. En effet, il suffit de s'inscrire auprès des services communaux et d'avoir une simple autorisation pour posséder et rouler sur une moto. Mais en l'absence de contrôle, un grand nombre de conducteurs ne s'encombre même pas d'une telle formalité. La loi est claire pourtant sur ce point aussi. A défaut de pièces administratives afférentes à la conduite, le contrevenant est soumis à l'article 92 qui l'envoie devant le tribunal. Hélas, là aussi, les bilans de la police ne portent pas les traces d'opérations de saisie, sachant même que bon nombre des conducteurs louent ces véhicules et parmi eux beaucoup sont mineurs. Un phénomène malheureusement ignoré, alors que tout le monde sait que ce commerce devrait être soumis à une réglementation rigoureuse, que la conduite de la moto est strictement proscrite aux mineurs. Faut-il encore que notre pays grimpe dans le hit-parade des accidents de circulation pour que le phénomène soit pris en charge ? En attendant, ce sont les parents qui doivent éloigner leurs enfants d'une telle folie. Les automobilistes, quant à eux, doivent faire preuve d'attention et... prendre leur mal en patience.