Comme chaque président depuis l'indépendance, Abdelaziz Bouteflika veut sa constitution. Jusque-là rien d'anormal, en dehors du fait que les présidents ont souvent tendance à confondre ce livre d'or de la République avec un jouet pour enfant gâté. Mais dans le cas actuel, la question n'est pas réglée puisque, à part le FLN, personne ne veut d'un changement de Constitution parmi les soutiens traditionnels du debout. Bien sûr, la façon dont le président Bouteflika gère le pays n'est pas étrangère, seul maître à bord et unique actionnaire de l'entreprise algérienne. Accusé d'« autocratisme » par ses adversaires et d'autoritarisme par ses plus proches collaborateurs, le président est soupçonné, à travers sa réforme de la Constitution, outre de pouvoir briguer un douzième mandat, si l'idée lui plaît, l'intention de contrôler tout le pays par téléphone, de son bureau. Ainsi, on murmure qu'avec la nouvelle Constitution, le président pourra nommer les joueurs de l'équipe nationale de football, désigner les facteurs, donner les prénoms de tous les nouveau-nés, imposer le choix de la salle des fêtes pour les mariages de tous les futurs époux et exiger des comptes rendus de tous les agents de mairie du pays. Tout cela n'est évidemment que fantasmes de politiques en mal de domination ou rumeurs d'ex-chefs de cabinet présidentiels en partance. A ce titre d'ailleurs, on ne saura jamais vraiment pourquoi Larbi Belkheir est parti, si tant est qu'il soit vraiment parti. Après avoir servi tout le monde, de Chadli à Bouteflika, il s'en va, laissant ce dernier tout seul. Pourquoi ? Peut-être parce que la syntaxe est incorrecte. Reprenons : tous les présidents ayant servi Larbi Belkheir sont partis, sauf le dernier, qui se retrouve dangereusement tout seul. La phrase semble plus correcte, bien qu'elle n'ait aucun rapport avec la Constitution.