Tout commence par une confusion de genres : Abdelaziz Bouteflika, président de la République, nomme Ahmed Ben Bella, ex-président de la République, au poste de président de la commission d'amnistie, au côté de Smaïl Abderrezak, déjà président de la commission d'amnistie. Puis le président de la commission, Ben Bella, licencie le président de la commission, Abderrezak, abusivement, tel un président de la République. Jusque-là, rien d'exceptionnel, ce n'est qu'une confusion de prérogatives. Mais ce qu'on apprend en cours, c'est que les trois personnages sont aussi présidents de partis. Ben Bella est président du MDA, Abderrezak président du PRA et Bouteflika président du FLN. La confusion passe à une confusion partisane. D'autant que sur les trois présidents, si deux sont ou ont été présidents de la République et deux sont présidents de la commission, c'est en fait le troisième, le président de la République, qui est le véritable président de la commission et dirige tout de loin. Ce qui amène deux questions confuses : le président de la République, Bouteflika, a-t-il donné son accord pour que l'ex-président de la République, Ben Bella, licencie le deuxième président de la commission, Abderrezak, en tant que président de la commission ? Sûrement, puisque c'est lui qui est véritablement le président de la commission et leur président de la République à tous les deux. Où est le problème ? C'est qu'un président de la République, Abdelaziz Bouteflika, peut nommer un ex-président de la République, Ahmed Ben Bella, à la tête d'une commission. Mais si un ex-président de la République, Ahmed Ben Bella, peut licencier un président de commission, Smaïl Abderrezak, un président de la République, Abdelaziz Bouteflika, même embarrassé, ne peut pas licencier un ex-président de la République, Ahmed Ben Bella. Ça s'appelle un coup d'Etat. Et c'est très mal vu.