En fait de blocage pour non-paiement des droits de douanes à Annaba de 3 bateaux de pêche de 70 m de long, 2 conçus en Italie et le 3e en Tunisie pour la pêche en haute mer, il s'agirait beaucoup plus d'une lourdeur dans la procédure douanière. Pour accélérer la réception, les armateurs bénéficiaires des avantages prévus par le Plan de soutien à la relance économique (PSRE) ont été invités à prendre en charge les frais de dédouanement. Ce que deux d'entre eux ont refusé, argumentant la décision de prise en charge en leur possession de cet aspect par le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques. « Il n'y a pas plus de saisie que de blocage ou pratiques bureaucratiques. Les 3 bateaux en question ont été acquis par des armateurs dans le cadre du PSRE. Il y a une procédure en matière de dédouanement à respecter sans plus. Un d'entre eux l'a déjà respectée et rien ne s'oppose plus à ce qu'il exploite son moyen de production après le contrôle technique d'usage. Par la manipulation, certains ont voulu donner à cette affaire une autre dimension », a précisé M. Amoura, directeur de la pêche de la wilaya. Cette affaire a pris une dimension nationale. Elle est à l'origine du grand désordre qui a secoué depuis quelques jours l'ensemble de la corporation des hommes de la mer entre armateurs, marins pêcheurs et spécialistes du commerce du poisson et des fruits de mer dans différentes régions de l'Est. Apparemment, cette affaire s'est greffée sur des problèmes structurels que chacun des animateurs préférait, jusque-là, occulter. Elle a pour conséquence une hausse incontrôlée du prix de tous les produits de la pêche. Depuis le début de l'année, sur le port de la Grenouillère et même en haute mer, les criées n'ont pas été riches en poisson. Sur le marché de la consommation, les ménagères ont des états d'âme préférant la viande congelée à la sardine ou au merlan. Bon nombre d'habitués de la consommation du poisson ont été contraints d'y mettre un terme, argumentant le prix excessif du poisson sur le marché. C'est avec une toile de fond de cette situation que les armateurs se sont dépêchés d'adhérer aux dispositions du PSRE. Trois d'entre eux avaient investi dans l'acquisition chacun d'un chalut de 70 m totalement équipé, sophistiqué, confortable et coûteux. Leur investissement a été pris en charge par le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques dans le cadre de la politique de développement de la pêche. Le coût de l'opération pour l'acquisition de ces 3 bateaux est estimé à 180 millions de dinars. Ainsi habitués à travailler avec des moyens archaïques, les armateurs découvraient la profusion avec l'application par la direction de la pêche de la wilaya des dispositions du PSRE. Cette structure décentralisée du ministère de la Pêche avait, en effet, programmé l'application dans les actes de 80 projets totalement financés par l'Etat, dont la wilaya a bénéficié pour différentes activités de la pêche. Trente-trois de ces projets ont été déjà lancés. La flotte locale sera renforcée par 9 sardiniers, 3 chalutiers et la réhabilitation de 3 bateaux de pêche. Le reste des projets devrait être matérialisé fin 2005. L'appréhension des gens de la mer n'a pas pour autant baissé au regard des difficultés qu'ils affirment rencontrer en matière d'accastillage et d'avitaillement. Sur les quais du petit port de pêche de la Grenouillère, plus que saturé, chaque panne ou manque est synonyme de panique et de mise au chômage des équipages. Bon nombre de marins pêcheurs, activant sur des chalutiers de haute mer de plus de 30 m, parlent d'énormes déficits en matière de production comparativement à leurs homologues des pays voisins. « A travers sa direction de wilaya du reste très active, l'Etat tente par divers moyens, notamment les aides financières induites par le PSRE, de stimuler les énergies. A mon avis, il s'agit d'un problème de désorganisation de la corporation. Certains armateurs tentent d'imposer leur diktat sur le marché », argumente Mohamed Lamine R., un marin pêcheur, vieux loup de mer. L'absence de moyens de conservation comme des bateaux avec congélateurs est une autre difficulté avancée par les travailleurs de la mer. « En l'absence de moyens de conservation, nous sommes contraints le plus souvent à brader notre production », explique notre interlocuteur.