Le dixième anniversaire de la mort du penseur et chercheur sur les sociétés maghrébines Jacques Berque a été célébré, hier, à la Bibliothèque nationale d'Algérie (BN), à Alger. A cette occasion, plus d'une trentaine d'ouvrages de ce chercheur ainsi que ses critiques sur les arts et des livres écrits sur sa pensée y ont été exposés. Dans son intervention, le directeur général de la BN a rappelé qu'en date du 7 mars 2000 - et selon les dernières volontés du défunt Jacques Berque - sa femme et son fils ont remis à l'annexe de la BN Frenda (Tiaret) 383 livres en français, 482 livres en arabe, 10 manuscrits, dont 8 lithographiés. Il s'agit d'une partie des ouvrages de sa bibliothèque. La seconde remise des documents, actuellement aux Archives municipales de la ville de Belfort, en France, s'effectuera ultérieurement au profit de l'annexe de la BN de Frenda. Le même responsable relève que des démarches sont effectuées aussi à l'effet de construire un centre de recherche international sur la pensée de Jacques Berque. Enseignant à l'université de Tiaret, Ameur Mahmoudi indique que Jacques Berque n'appartient pas seulement à l'Algérie, « mais à tout l'univers ». Enraciné dans le sol maghrébin, il se lance « dans l'écriture, en particulier dans l'étude des rapports des sociétés de l'Afrique du Nord, Avec l'histoire et l'identité ». « Il ignore les rivalités saugrenues qui divisèrent les communautés des points de vue ethnique et idéologique », fera observer M. Mahmoudi. De son côté, Mgr Tessier qualifie le penseur de « savant authentique » qui traduit « cette synthèse entre ses connaissances acquises sur le terrain et la réflexion ». Notons que Jacques Berque est né le 4 juin 1910 en Algérie, plus précisément à Frenda (Tiaret). En 1934, il est nommé administrateur civil au Maroc. En 1946, il a eu des démêlés avec les autorités du protectorat français. Aussi est-il interdit de séjour entre 1947 et 1953 au Maroc, sauf au Haut Atlas. Il part ensuite en Egypte à titre d'expert international, puis soutient en 1955 sa thèse de doctorat sur les structures sociales du Haut Atlas. Et obtient en 1956 la chaire du Collège de France sur l'histoire sociale de l'islam contemporain. Il part à la retraite en 1982, mais le ministère de la Recherche scientifique français le rappelle la même année pour présider une mission de réorganisation des rapports scientifiques entre la France et d'autres pays. Entre-temps, il rédige des essais sur la traduction du Coran. Il meurt le 27 juin 1995 à Saint-Julien, en France. Parmi ses ouvrages sont cités notamment Le Maghreb entre deux guerres, L'Islam au défi et Structures sociales du Haut Atlas.