L'Etat va-t-il enfin s'engager à lutter contre l'utilisation de l'Islam à des fins politiques ? Il est heureux de constater que le président de la République a dénoncé, en plein Conseil des ministres, « les calculs politiciens qui ont vu le jour » après la décision du ministre de l'Education nationale de supprimer les filières de sciences islamiques dans l'enseignement secondaire. La remarque présidentielle vise particulièrement le MSP de Bouguerra Soltani et le MNR de Abdallah Djaballah, deux organisations intégristes qui, exploitant l'instruction ministérielle, ont failli créer une situation insurrectionnelle à travers la mobilisation de leurs relais, notamment à l'université Emir Abdelkader de Constantine. Heureusement que les Algériens ont refusé de les suivre dans leur aventurisme, ayant compris depuis le FIS que les islamistes ne feront que plonger l'Algérie dans le chaos parce qu'ils ne sont mus que par un seul objectif : la prise du pouvoir par n'importe quel moyen et en versant le sang s'il le faut. Le Président Abdelaziz Bouteflika a-t-il enfin compris la véritable nature du fondamentalisme algérien ? Ce dernier a beaucoup espéré sur son appui pour remettre en cause la décision de Benbouzid. Il vient de déchanter. L'allié sur lequel il comptait a adopté une position diamétralement opposée à celle attendue par les islamistes. Il est remarquable que le chef de l'Etat, qui avait avoué sa sympathie pour l'islamisme, se démarque aujourd'hui avec netteté et va dans le sens d'une Algérie républicaine et moderne à un moment décisif pour notre avenir. Il était temps de commencer à barrer sérieusement la route à des mouvements rétrogrades qui ont réussi à s'infiltrer notamment dans l'école, laquelle, sous leur influence, est devenue « sinistrée », pour reprendre feu Mohamed Boudiaf, et est devenue un centre de formation de terroristes. Bouteflika entrera dans l'histoire s'il réussit à éradiquer un phénomène responsable de dizaines de milliers de morts et de dizaines de milliards de dollars de destruction. La majorité de la société sera à ses côtés, d'autant qu'elle lui a donné sa confiance le 8 avril 2004. Les islamistes ont besoin d'avoir enfin en face d'eux un pouvoir déterminé et que l'ère du laxisme est révolue. Reste la donne MSP. Ce parti fait partie d'une coalition gouvernementale qu'il a accepté en principe de rejoindre sur la base d'un programme. Or il a toujours eu un pied dans le pouvoir et un autre dans l'opposition, ce qui est anormal et incompatible. Il n'a jamais eu le courage de choisir un camp ou un autre. C'est vrai qu'il est difficile de renoncer au confort qu'accorde le fait d'être membre du gouvernement, quitte à s'asseoir sur les principes et rien ne dit qu'il va abandonner la rente. C'est dire que l'islamisme n'a ni morale ni éthique.