Depuis dix ans, certains pays arabes ont suivi le pas en ouvrant des écoles de mode pour former une nouvelle génération de stylistes, à l'image du Liban ou encore de la Tunisie. Pour sa part, l'Egypte s'est rendu compte de l'importance de cette industrie et a ouvert, il y a trois ans, deux instituts pour former des stylistes égyptiens : l'institut Burgo et celui dépendant de la chambre syndicale de la haute couture. Au fil des années, certains stylistes arabes ont fini par acquérir une grande renommée internationale. Ils ont réussi à satisfaire le goût de la femme européenne notamment. L'exemple du styliste libanais Elie Saâb, dont le nom pourrait être aujourd'hui comparé à celui de Dior ou de Yves Saint-Laurent. La collection qu'il présente tous les six mois est un véritable ravissement pour la gent féminine. Par ailleurs, des défilés sont organisés un peu partout dans le monde arabe, exhibant un style raffiné qui répond au désir de la rue arabe à l'exemple du grand défilé de mode qui a eu lieu au Maroc en 2004 intitulé « Caftan » et où le styliste Sousha a remporté le 1er prix pour sa collection inspirée de la culture marocaine. Au niveau africain, la présence des stylistes arabes dans le grand concours de Face of Africa a été plus qu'une réussite. Preuve en est, un grand défilé planifié par l'Organisation des pays francophones et parrainé par la Ligue arabe a eu lieu en mars dernier où les créateurs arabes ont présenté des collections inspirées de leur environnement culturel. Aujourd'hui, on palpe et on admire le style arabe, et à chaque artiste sa particularité et son identité. Youssef Spahi, jeune styliste égyptien, est fasciné par la culture pharaonique. Dans sa dernière collection, il s'est inspiré des couleurs et du style pharaoniques. Des robes en tissus doré et argenté avec des bretelles en métal ; des coupes, qui marient histoire et modernité, ont fait rêver beaucoup de femmes lors du dernier défilé aux Etats-Unis. « Notre culture est une source d'inspiration. Pour mes créations, je puise surtout dans la culture du Maghreb », affirme Sousha. Dans sa dernière collection, ce dernier a présenté des robes de soirée inspirées du caftan marocain. La robe Sable du Maroc de couleur beige a la forme d'un caftan, cintrée à la taille, ample vers le bas et fendue sur les côtés. Marie-Louis assure que dans sa dernière collection de robes, elle s'est inspirée des tableaux du maître alexandrin Mahmoud Saïd. « J'ai dessiné une variété de tenues de soirée en tissus peints à la main, inspirés des tableaux de ce peintre dédiés à la femme alexandrine, dont l'accoutrement est particulier : voile noir moulant mettant en valeur sa féminité. » Une collection qu'elle a été présentée lors de la dernière Biennale des arts plastiques de la mer Méditerranée à Rome et où Marie-Louis a remporté un prix pour sa créativité. Allons-nous donc vers une mode arabe qui s'imposerait sur la scène internationale. Selon la styliste arabe Dahlia Mahmoud, chaque pays arabe a son propre style, mais il s'inspire aussi de la mode européenne. Le goût de la femme libanaise n'est pas le même que celui de la saoudienne. Celui de la Marocaine diffère de l'Egyptienne. A titre d'exemple, le voile égyptien par exemple est moins rigide que celui des pays du Golfe. Au Soudan et dans les pays du Maghreb, le voile se rapproche du costume national. Cela prouve que les tendances et les goûts diffèrent. De plus, il faut tenir compte du niveau de développement de chaque pays. « Tous ces facteurs prouvent qu'il existe des stylistes arabes mais pas une mode arabe », assure-t-elle.