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Un état de siège permanent dans les pays arabes
Journée internationale de la liberté de la Presse
Publié dans El Watan le 03 - 05 - 2009

Les pays arabes demeurent, une des régions du monde parmi les plus fermées politiquement. Les libertés fondamentales, à commencer par les plus élémentaires (d'opinion et de conscience) y sont, à ce point, formelles que ceux d'entre les habitants de cette contrée qui sont tentés de les exercer savent qu'ils courent des risques sérieux s'ils prennent des initiatives pour les faire prévaloir.
En Algérie, comme au Soudan ou dans la théocratie wahhabite, au Yémen comme au Maroc, en Syrie comme en Mauritanie, en Tunisie, en Egypte et à Bahreïn, sans oublier la situation ubuesque de la Libye, des régimes féroces capables de tous les excès sont prêts à ériger tous types d'obstacles, voire recourir tout simplement à la répression (arrestations, interrogatoires musclés, saisie des documents de voyage, privations diverses, entre autres la menace sur l'emploi, jusqu'à l'emprisonnement sans jugement et, dans certains cas, le recours à la torture) pour brimer leurs administrés. En Arabie Saoudite, les autorités ont arrêté au cours du mois de janvier 2009, Hamoud Bensalah parce qu'il affirmait, sur son site web, sa ferme volonté d'exercer sa liberté de conscience et son intention de se convertir à la chrétienté. En Algérie, comme si l'Islam n'était plus capable de résister à un certain regain de la confession chrétienne, le pouvoir en place affina en 2008 sa législation dite antiprosélytisme pour accentuer sa poigne de fer et est allé jusqu'à faire juger une jeune fille surprise avec des exemplaires de la Bible dans ses bagages de voyage. En Syrie, on emprisonne des écrivains et les journalistes sont bâillonnés.
A Bahreïn, défenseurs des droits de l'homme et bloggers sont soumis à des pressions intolérables. En Tunisie, la presse étant muselée depuis des lustres, le régime s'attaque aux organisations des droits humains et lâche ses molosses sur les utilisateurs d'internet. A la fin de 2008, il a fait suivre jusqu'à Beyrouth des représentants d'associations invités à une rencontre internationale sur la liberté d'expression pour les maintenir sous pression. Dans les monarchies du Moyen-Orient, la vie politique est tout bonnement inexistante. Dans le reste du monde arabe, où certains régimes n'hésitent pas à qualifier leur pouvoir de « république démocratique », seuls sont tolérés des partis politiques croupions ; à l'exemple de Algérie, des trois formations composant « l'Alliance présidentielle » qui sert de paravent aux intérêts des élites issues de l'armée et du sérail hérité du parti unique, ou de partis-alibi - soit disant d'opposition - comme le Parti des travailleurs de Louisa Hanoune. Avec une scène politique aux allures de prison, il n'y a évidemment que très peu ou carrément pas de place pour la liberté de presse et d'expression.
Les pires ennemis des libertés
C'est d'ailleurs dans cet ensemble géographique que se recrutent les plus redoutables ennemis de l'utilisation d'internet, selon un communiqué rendu public le 30 avril 2009 par le Comitee to protect journalistes (CPJ), la plus célèbre des ONG américaines de défense de la presse. En effet, parmi les dix premiers ennemis de la liberté d'expression sur internet recensés par cette ONG, quatre sont arabes (la Syrie, l'Arabie Saoudite, la Tunisie et l'Egypte). Si le constat allait un peu plus loin que le chiffre 10, l'Algérie, le Maroc et Bahreïn pourraient y figurer aussi, des bloggers ayant été inquiétés, voire emprisonnés dans ces trois pays. Et si étaient prises en considération d'autres formes d'atteintes aux libertés, les pays arabes, dans leur quasi-totalité, se retrouveront dans le peloton de tête des régimes autoritaires, pour ne pas dire des dictatures qui sévissent encore en ce bas monde. Afin de restituer la véritable réalité du monde arabe, il y a lieu de remarquer que l'existence de journaux privés ou dits indépendants ne peuvent en aucun cas représenter un indicateur fiable et suffisant de l'état de ces libertés.
Même dans le pays où l'on espère se trouver en présence de l'exception, à savoir le Liban, se manifestent des forces politiques prêtes à passer à l'action pour assassiner des journalistes. Samir Kassir et Djebran Tuéni, du quotidien Beyrouthin An Nahar, ont été victimes d'attentats à la bombe respectivement les 2 juin et 12 décembre 2005. Leur collègue May Chidiac de la chaîne de télévision LBC, également victime d'un attentat qui a ciblé son véhicule le 25 septembre 2005, est pour sa part handicapée pour le restant de ses jours. Si, dans la décennie 1990, les médias algériens ont payé un très lourd tribut à la guerre civile qui a ravagé le pays pendant près de 10 ans avec l'assassinat par les islamistes de plus d'une centaine de personnes activant dans le domaine de la presse dont 62 journalistes, c'est l'Irak qui, au bout de trois ans après l'entrée des troupes américaines, détiendra le plus triste des palmarès avec 175 tués entre journalistes et autres employés des médias. Les journalistes tués ici ne sont pas tous irakiens. Un grand nombre d'entre eux vient des quatre coins de la planète.
Le Liban, l'Algérie et l'Irak ne sont pas les seuls pays arabes à compter des morts dans la presse. Le Yémen, le Soudan, la Libye, l'Egypte et la Palestine ont également eu leurs lots de victimes. La mort (l'assassinat étant la forme la plus féroce de la censure), la répression (emprisonnement, torture) sont les moyens les plus radicaux pour réduire la presse au silence. Ils ne représentent cependant que la face la plus hideuse et la plus visible de la démarche liberticide des régimes arabes. Un certain nombre de ces pays maintiennent leurs peuples sous l'état d'urgence depuis des décennies (17 ans en Algérie, près de 30 ans en Egypte). Des situations analogues à cette suspension des libertés existent en Libye, en Syrie, au Yémen et au Soudan. Des lois répressives sont mises à contribution et souvent réactualisées pour acculer les médias, les intellectuels et les rares associations indépendantes au silence. On notera d'abord qu'à quelques exceptions près, les médias dits « chauds » (radios et surtout télévision) restent sous le monopole des Etats grâce à des législations intraitables.
Monopoles sur l'audiovisuel
En Algérie, la quarantaine de radios, dont 90% sont des radios FM et la chaîne unique de télévision qui, de temps à autre, se dédouble, ou même se clone en trois unités pour donner l'impression de diversité et donc de choix, ont pour maître, commanditaire et bénéficiaire exclusif, le pouvoir. Aujourd'hui, qu'il vente, qu'il neige, que change le sens dans lequel tourne la Terre ou que celle-ci en vienne à quitter le système solaire et la Voie lactée pour émigrer vers une lointaine galaxie, n'influera en rien sur l'ordre de primauté des informations de la télévision algérienne : d'abord Bouteflika, ensuite Bouteflika, encore Bouteflika et enfin les autres informations si elles ne sont considérées comme subversives pour la quiétude du régime. L'Algérie n'est pas le seul pays dont les dirigeants se sont assis sur l'audiovisuel. La Tunisie, la Libye, la Syrie, le Yémen, le Soudan ainsi que les monarchies du Golfe exercent le même monopole. Exception, le Liban où fleurissent d'innombrables radios et chaînes de télévision.
Pour la presse écrite, les temps ont toujours été durs, à part quelques rares éclaircies (Algérie entre 1990 et 1992), le Maroc, durant les deux ou trois années qui ont suivi le sacre de Mohammed VI, le Liban lorsque la pression des armes ne se fait pas trop corrosive et trop mortelle. La série d'obstacles est très longue. On citera d'entre les lois les plus répressives, notamment celles qui protègent l'image de marque des dirigeants. Ce genre de disposition juridique a fait des ravages en Algérie, quand n'importe responsable étatique pouvait se prévaloir de la qualité de « corps constitué » afin d'attaquer un journaliste parce que ce dernier a osé écrire un article sur le secteur qui le concerne. Dans les pays vivant sous la férule de ces souverains de pacotille, le roi et toute sa smala sont placés hors d'atteinte des médias et la prison attend forcément tout téméraire osant faire allusion à sa majesté et à ses proches.
A ce propos, les journalistes marocains, notamment Abdelkader Djemaï et Lemrabet, en connaissent un bon bout sur les pratiques du makhzen. Ailleurs, les présidents à vie et ceux qui héritent de la charge présidentielle comme on hériterait d'un bien familial, se dotent de législations dissuasives. En Egypte, n'importe quel citoyen peut poursuivre en justice un journaliste s'il estime que ce dernier a porté atteinte à l'image sacrée du raïs. Une fois bien installé au pouvoir grâce aux baïonnettes des militaires en 1999, le petit président Bouteflika veut grandir très vite. En mai-juin 2001, il fait adopter par son chef de gouvernement, Ali Benflis, son ministre de la Justice, Ahmed Ouyahia, et par son parlement une révision du code pénal réprimant sévèrement toute atteinte au prestige de sa seigneurie présidentielle. Les nouvelles dispositions prévoient des peines de 3 mois à 1 an de prison et de 50 000 à 250 000 DA pour le journaliste et le directeur de publication. Mais plus pernicieuse encore est la nouvelle sanction contre les entreprises éditrices : une amende de 2 500 000 DA.
Les sanctions financières sont à ce point lourdes au regard des situations financières de la plupart des journaux qu'une succession de deux ou trois procès peut définitivement ruiner un titre. censure et l'autocensure s'installent dans les rédactions. Quant aux récalcitrants ou ceux qui peuvent se laisser aller à des imprudences, la menace de la prison est là en plus de la sanction financière. Le dernier verdict envoyant un journaliste algérien en prison pour six longs mois a été rendu le 2 mars 2009 à Ghardaïa contre Nedjar Hadj Daoud, le directeur de l'hebdomadaire régional El Waha, qui avait été aussitôt arrêté au siège de son journal et mis en prison. En Tunisie, les emprisonnements sont encore plus fréquents et leurs périodes peuvent être très longues.
Les régimes arabes développent d'autres moyens pour nanifier la presse indépendante et brimer les journalistes qui ne se plient pas à leur volonté. Une panoplie de démarches économiques tend à remodeler les espaces médiatiques au profit des hommes forts en place. La création de nouveaux titres est sélective. L'agrément délivré par les pouvoirs publics, sans lequel aucune publication n'est possible, filtre désormais les prétendants aux nouveaux titres qui se recrutent de plus en plus parmi les amis du régime.


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