Ces propos sont indignes d'un magistrat et d'un syndicaliste, des propos haineux, immatures et irresponsables. Un discours corporatif et démagogique qui dessert les magistrats », a réagi hier l'avocat Farouk Ksentini, président de la CNCPPDH, aux déclarations le ciblant du président du Syndicat national des magistrats (SNM), Djamel Aïdouni, mercredi dernier. Ripostant au constat accablant pour les juges de l'ONG américaine Human Rights Watch, en visite en Algérie mi-juin dernier, Djamel Aïdouni a accusé la corporation des avocats, en citant Farouk Ksentini, d'avoir déformé la réalité sur l'appareil judiciaire algérien à travers leurs constats livrés aux ONG internationales. Lors de sa conférence de presse le 22 juin dernier, HRW a indiqué que « des magistrats ont prononcé des jugements prédéfinis » souvent « sur la base de dossiers vides ». Et qu'ils n'ont pas enquêté sur les cas de torture avérés en Algérie. HRW a souligné le recours « abusif » des juges à la « détention provisoire à des fins politiques » citant notamment le cas du directeur du journal oranais Erraï acquitté après 11 mois de détention provisoire. « On me reproche de dénoncer l'abus des magistrats en matière de détention provisoire. Cet abus est de notoriété publique. Je dis que c'est la maladie de notre justice et j'ai le droit de m'exprimer en tant que juriste et en tant que président de la commission », a ajouté Farouk Ksentini. Le syndicaliste a appelé mercredi le président de la République à prendre « des mesures contre ces personnes, surtout le président de la CNCPPDH (...) Nous sommes touchés dans notre dignité par ces gens-là ». « En tant que syndicaliste, son rôle est plutôt de défendre la profession, il n'a rien à voir avec le droit », a-t-il ajouté. Aïdouni, ancien juge d'instruction à El Harrach, a également accusé Ksentini, président du comité ad hoc chargé de la question des disparus, d'avoir « échoué dans sa mission » qui serait d'enquêter sur les cas des disparitions forcées. Le comité ad hoc, selon les termes du communiqué de la présidence de la République annonçant sa création en 2003, « ne doit pas être conçu comme une commission d'enquête ni comme substitut aux autorités administratives et judiciaires compétentes », mais comme un « centre de gestion et une interface » entre les pouvoirs publics et les familles des disparus. « Concernant les disparus, je n'ai pas incriminé les magistrats », a relevé Ksentini ajoutant que Aïdouni « n'est pas qualifié pour juger (son) travail au comité ».