Les férus des planches prennent du plaisir à voir des professionnels qui mettent tout en œuvre pour présenter des productions d'un très bon niveau. Ainsi, la deuxième journée du premier festival du théâtre professionnel a débuté par une intéressante conférence « Histoire du théâtre » animée par M. Cheniki qui a mis à nu les problèmes qui minent le théâtre algérien qu'il soit libre ou institutionnel. Le conférencier ayant, sans le savoir, « inauguré » le théâtre municipal, qui ouvre timidement ses portes, n'a pas manqué l'occasion de faire des reproches aux organisateurs ayant oublié à tort ou à raison de fixer à cette importante rencontre des objectifs précis. Hormis les distinctions réservées aux lauréats, les concepteurs du projet,qui n'ont en outre pas exposé un cahier des charges pour les futures éditions, ont laissé les profanes comme les initiés sur leur faim. Cependant, la qualité du monologue Fatma du Théâtre national algérien, des pièces Les Fous sages de Koléa et Taiha de Batna ont hier relégué cette histoire d'objectifs au dernier plan. La jeune Nesrine Belhadj, un pur produit de l'Ecole nationale des arts dramatiques, a superbement interprété le monologue Fatma présenté des années durant par la célèbre comédienne Sonia. Cette femme de ménage, qui monte une fois par mois à la terrasse de son petit immeuble pour laver son linge sale, décrit, par touches humoristiques enchevêtrées d'aspects dramatiques, la société empêtrée dans d'inextricables contradictions. Ce texte de M'hamed Benguettaf ayant été agrémenté d'un jeu de lumières approprié et l'action verbale et physique de la jeune Nesrine ayant fait ses premiers pas de comédienne à Sétif ont été très bien accueillis par le public d'une manifestation n'ayant pas fait, faut-il le rappeler, l'objet d'une campagne publicitaire à sa dimension. Le Mouvement théâtral de Koléa qui possède une carte de visite des plus étoffées est rentré dans la compétition avec Les Fous sages en version française. Cette pièce sera présentée, courant juillet 2005, à la 59e édition du Festival international du théâtre d'Avignon (France). Déprimés par des décevantes histoires d'amour et une carrière de cadre d'Etat n'ayant pas voulu tomber dans le jeu de la combine, Antonio et le brave tentent de mettre fin à leurs jours. Mis au parfum, les pouvoirs publics délèguent un étudiant-psychologue pour dissuader les deux bonshommes. Influencé par l'argumentaire des deux suicidaires, ce « médecin » se met à son tour de l'autre côté de la barrière. Ce psycho-drame ayant élevé un peu plus le niveau de la rencontre met à rude épreuve le jury devant départager des productions à valeur égale.