Il est des blessures et meurtrissures de la vie qui marquent, voire mutilent l'humain tant la douleur est lancinante et cruelle. Surtout quand une mère perd à tout jamais sa propre chair. A l'image de la terrible histoire de cette maman, Nacéra Amrani, ayant vu son fils, Khalif, ravi à la vie à la fleur de l'âge à l'issue d'un accident de la route où un chauffard lui a fauché et arraché sa raison de vivre. Un crime ! Aussi, transcendera-t-elle cet océan lacrymal de chagrin en exprimant à travers un exutoire cursif : les mots, les vers et la prose. Nacéra Amrani, dans cette tristesse, taquinera les Muses, à titre posthume, en hommage et à la mémoire de son regretté fils Khalif. Ainsi, signera-t-elle un recueil de poésie qui lui est entièrement dédié. Un livre à compte d'auteur intitulé maternellement et filialement A Khalif. Sa préface est touchante, émouvante et très dure et âpre : « A Khalif, mon enfant, ma fierté... ma douleur ! Horrible ! Terrible !... Le jour où tu as été victime de la cruauté et de la sauvagerie d'un monstre que tu as croisé sur la route des vacances. Il t'a fauché à la fleur de l'âge/ Le monstre ! L'assassin ! L'ignoble ! Quelle catastrophe ! Tu étais si beau Khalif. Les Algérois aimaient t'appeler ‘'James Dean”. Quel don de prémonition ! Khalif, merci pour tout le bonheur que tu as donné. Merci pour toute l'amitié que tu as su tisser autour de toi... Khalif tu me manques tant ! Ta maman qui t'aime fort, très fort ! » Ce recueil de poésie renferme un souffle poétique lacrymal dans la même veine nécrologique de la poétesse arabe Al Khansa. Pleurs est le cri du cœur et du corps d'une mère : « Pleure ! Pleure !/ Oh ! Mon cœur ! Pleure, pour Khalif retourné au ciel ! /Que fais-tu face à l'horreur ?/ Oh ! Cœur malade, y a-t-il un remède, à ton incommensurable souffrance ?/ Connaîtras-tu un jour la délivrance ?/Oh ! Cœur en folie, tu vois Khalif dans tes délires / Tu veux le toucher, lui parler, l'embrasser... » Khalif a été ravi aux siens un certain et terrifiant 29 décembre 2004. Khalif était étudiant, et il aimait Che Guevara. Une ère en larmes ! Une mer de larmes !