Un groupe d'experts chercheurs de l'institut de l'énergie solaire de l'université de Madrid conduit par le docteur Luis Navarte Fernandez est arrivé jeudi dernier à Laghouat dans une mission d'évaluation du projet d'installation de systèmes de pompage photovoltaïque financé par des dons de l'UE dans le cadre du projet Meda et dont le projet de recherche et de réalisation a été confié à l'entreprise espagnole Isophoton. Parmi une cinquantaine de projets similaires installés au Maghreb (29 au Maroc, 13 en Tunisie et 10 en Algérie), celui d'El Ghicha « est de loin le meilleur réalisé à ce jour », nous a confié le docteur Fernandez et d'ajouter : « Le projet algérien de qualité exceptionnelle sera présente lors de la conférence qui se tiendra en décembre à Ouarzazat (Maroc) et sera probablement retenu comme référentiel par l'UE dans le cadre d'un programme régional beaucoup plus ambitieux. » Les trois d'experts qui étaient accompagnés des représentants du HCDS, du CDER et du docteur Khelifa, manager d'Al Solar et représentant en Algérie d'Isophoton, ont inspecté deux forages équipés de systèmes de pompage photovoltaïque, le premier à Aïn Sidi Ali, destiné à l'AEP et à l'abreuvement du bétail, le second à El Ghicha, destiné à l'irrigation. A Aïn Sidi Ali, les experts ont été très satisfaits de voir qu'après à peine une année de mise en service une vingtaine de ménages se sont fixés tout autour du point d'eau en plus des dizaines de camions-citernes qui s'y approvisionnent quotidiennement. Si le recours à l'énergie solaire en milieu pastoral permet d'assurer gratuitement et de façon permanente l'alimentation des populations éparses et de leur bétail en eau potable, il confère selon le représentant du HCDS des « avantages incomparables en matière de coûts, soit 120 000 DA le système, et permet d'éviter les conflits générés par la gestion des factures d'électricité ou de gasoil ». Pour s'en convaincre, il suffit de rappeler que les éleveurs payaient plus de 800 DA la citerne d'eau pour l'abreuvement du bétail. A El Ghicha (station rupestre), le choix du site décidé par le HCDS dans le cadre d'un plan d'urgence destiné à enrayer les effets des inondations de juin 2004 avait pour objectif de préserver 100 ha de vergers du vieux ksar, menacés de disparition suite à la diminution du débit de la séguia d'Erfia. En effet, le système en question qui est alimenté en électricité par des plaques solaires de 45 modules d'une puissance de 3,5 à 4 kw avec des débits minimes de 250 à 300 m3 est tout indiqué pour préserver la nappe d'une exploitation irrationnelle. Pour les experts espagnols, ce cas est un modèle référentiel tant il consiste en l'adaptation des technologies nouvelles au système ancestrale des foggaras, à moindre coût et sans effets polluants. Le forage en question est relié à un réseau de séguias long de plus de 3 km dont une partie souterraine à même de réduire le taux d'évaporation. Si le souci de la partie espagnole est de parvenir à une qualité exceptionnelle, avec une réduction des coûts à hauteur de 40% et une durabilité de l'ouvrage estimée à plus de 20 ans, l'intérêt pour la partie algérienne à qui incombe l'installation réside dans la simplicité du procédé, l'acquisition d'un savoir-faire et les possibilités d'intégration dans la mesure où, en dehors des plaques solaires, l'ensemble des composants sont produits en Algérie. Pour rappel, le HCDS a initié un programme prometteur d'octroi à des dizaines de ménages à Madna Sidi Bouzid de kits à usage domestique, et l'on pense déjà à la faisabilité de systèmes mixtes qui marieraient le système photovoltaïque aux aérogénérateurs (éoliennes).