Le ministère de l'Intérieur italien compte octroyer un permis de séjour aux immigrés clandestins qui dénonceraient des terroristes. Ce n'est pas là la blague de l'été, mais l'une des procédures administratives que le gouvernement de Silvio Berlusconi a arrêté, hier, pour intensifier la lutte contre la présence d'éléments islamistes qui pourraient menacer l'ordre public dans la péninsule. Les menaces explicites contre l'Italie, contenues dans les communiqués diffusés sur internet après l'attaque de Londres, et attribués aux leaders de Al Qaîda en Europe, ont ravivé la psychose des attentats en Italie. Selon un rapport que les services de renseignements italiens ont rendu public, il y aurait en Italie plus de 350 « extrémistes islamistes » susceptibles de s'enrôler dans des commandos prêts à perpétrer des actions terroristes contre les intérêts italiens. Les experts italiens ne précisent pas comment ils ont fait pour parvenir à une telle évaluation, mais cela a suffi au ministre de l'Intérieur Giuseppe Pisanu, qui a annoncé que, désormais, les expulsions d'immigrés, même en règle, seront simplifiées et entreront en vigueur par simple décision de la police. Mais la proposition des responsables du parti xénophobe et populiste de la Ligue du Nord, de créer un ministère contre le terrorisme, n'a toutefois pas été retenue par le Parlement. Le Premier ministre Silvio Berlusconi a tenu également à rassurer les leaders de l'opposition qui ont exprimé leur crainte de voir des abus juridiques et sécuritaires commis au nom de la lutte antiterroriste, et a ajouté qu'il n'était pas nécessaire d'adopter « des lois spéciales ». Selon les investigateurs italiens, il y aurait cinq formations islamistes qui activent dans le domaine de l'endoctrinement et du recrutement de volontaires pour les opérations terroristes à commettre en Europe. Les plus dangereux et les mieux implantés dans les milieux de l'immigration maghrébine seraient le Groupe salafiste pour la prédication et le combat, le Groupe islamique du combat marocain, le Groupe de combat tunisien et Al Hijra oua Takfir (l'exil et l'anathème). La police italienne a intensifié son contrôle autour des mosquées et autres lieux de rencontres des pratiquants musulmans pour surveiller de près les mouvements de ces derniers et tenter d'intercepter des messages codés entre les membres des cellules dormantes. Les immigrés de confession musulmane craignent la montée de l'hostilité contre eux et espèrent que les Italiens seront à même de faire la part des choses. Enfin, le pape Benoît XVI, lors de la prière de l'Angelus, hier, s'est adressé directement aux terroristes : « Cessez au nom de Dieu ». Qualifiant les attentats de Londres d'« atroces », le pape a invité la foule réunie à la place Saint-Pierre à prier pour les victimes, leurs familles mais aussi pour les auteurs des attaques « afin que Dieu puisse atteindre leur cœur », a ajouté le souverain pontife.