Il ne fait plus bon vivre sous les cieux bleus de la Penisola pour les travailleurs étrangers qui ont élu, pour divers motifs, domicile en Italie. Le ministre de l'Intérieur du gouvernement de Silvio Berlusconi semble s'être fixé comme mission prioritaire de rendre la vie dure aux émigrés avec ou sans papiers. Rome De notre correspondante Roberto Maroni, leader du parti xénophobe de la Ligue du Nord, veut obliger les immigrés demandeurs d'un permis de séjour ou de son renouvellement à débourser la somme de 50 euros. « C'est leur contribution pour renflouer les caisses de l'Etat et amortir la crise économique », soutient-il sans vergogne. Maroni ignore que les travailleurs étrangers payent déjà plus de 100 euros pour être en règle, si on compte les nombreux timbres fiscaux et autres procédures bureaucratiques introduites jusque-là. Même l'Eglise catholique a vu dans cette initiative « une atteinte injuste aux maigres ressources d'une catégorie vulnérable ». A cela Maroni, de sa voix posée et de son regard de bon père de famille qui transparaît à travers ses lunettes à la monture extravagante, rétorque : « Ces critiques ne nous touchent pas, on ira de l'avant. » Et Maroni conserve le même aplomb lorsqu'il défend sa décision d'expulser les dizaines de milliers de candidats à l'immigration clandestine qui débarquent chaque année sur la petite île sicilienne de Lampedusa. Le chef de la police italienne veut renvoyer manu militari, en violation de toute les conventions internationales pour le droit d'asile, les malheureux vers leur pays d'origine sur des vols charters dès leur arrivée en Italie. Mais trop c'est trop, car cette fois se sont les habitants de l'île qui sont sortis manifester, refusant que leur petit paradis touristique soit transformé en lager à ciel ouvert. Pour leur prêter main-forte, plus de 1300 pensionnaires du centre de rétention de l'île, sur les 1600 qu'il abrite actuellement, ont forcé, hier matin, les barrières de sécurité et se sont joints aux manifestants pour revendiquer leur remise en liberté ou leur transfert vers les centres de rétention se trouvant dans d'autres régions de la péninsule. L'établissement de Lampedusa a été ouvert pour accueillir 300 émigrés, mais ses couloirs croulent depuis des mois sous le nombre effarant des nouveaux venus. Des députés de gauche, qui ont visité hier le centre avec une délégation parlementaire, ont qualifié « d'inhumaines » les conditions de vie des émigrés qui y sont enfermés et accusé le gouvernement de Berlusconi d'avoir alimenté l'émigration clandestine en durcissant à outrance les procédures pour l'entrée légale en Italie. L'Onu a critiqué les conditions d'accueil des sans-papiers en Italie et appelé le gouvernement de droite à respecter les accords internationaux.