Longtemps considéré comme le fleuron de l'industrie agroalimentaire, le groupe Eriad Sétif, l'un des animateurs de la moribonde Bourse d'Alger, est mis en vente. Ainsi, la Société de gestion des participations Cegro vient de lancer un avis d'appel national et international pour la cession totale des titres sociaux des dix filiales relevant du groupe susnommé. Le groupe qui a, en septembre 1999, donné le coup de starter au bal des ventes et achats de la Bourse s'essouffle à cause, principalement, de la conjoncture difficile, d'un créneau saturé par la prolifération effrénée des semouleries et minoteries, de la fluctuation des approvisionnements en matières premières et de l'instabilité de l'encadrement qui est passé, de 1999 à 2005, entre les mains de cinq managers. Ces paramètres ont influé négativement sur les performances d'un groupe ayant réalisé en 1999 des bénéfices nets de plus de 1,61 milliard de dinars, atteignant la barre des 2,3 milliards de dinars une année après. Cette embellie financière s'est, au grand dam des personnels du groupe et des souscripteurs, estompée ces derniers temps. Le bénéfice a donc cédé la place à d'énormes déficits. A titre d'illustration, le groupe a bouclé les trois derniers exercices (2002, 2003 et 2004) avec successivement 81 milliards, 139 et 89 milliards de centimes de manque à gagner. La technicité, le savoir-faire et l'expérience de cette société possédant de gigantesques complexes et de grandes capacités de transformation (32 200 q/j de blé dur et 11 800 q/j pour le blé tendre) sont candidates à une privatisation redoutée par 1920 agents. Le PDG du groupe, Abdelatif Benmoussa, demeure, en dépit des difficultés, confiant : « Les résultats du premier trimestre de certaines filiales, telles Sidi Aïssa, El Kentra et M'sila, nous réconfortent. Avec un savoir-faire de plus de 30 ans, l'entreprise possède les moyens de son redressement qui est engrangé par l'absorption de 50 milliards du déficit, et ce, en l'espace de cinq mois. Pour équilibrer nos finances, on doit impérativement maintenir le cap. » Ce discours qui rassure quelque peu les salariés, n'épate par contre pas les actionnaires qui s'interrogent sur le devenir de la mise des épargnants privés et publics dans cette transaction.