L'attentat terroriste perpétré, il y a quelques mois, dans le quartier mythique de Khan Khalili, n'aura pas eu finalement un impact dévastateur sur le tourisme en Egypte.Même l'attentat de Louxor, d'il y a sept ans et qui avait enregistré plus d'une dizaine de victimes, essentiellement suisses, n'a été qu'une parenthèse, puisque le tourisme dans le pays des pharaons ne cesse d'attirer les étrangers, particulièrement les Européens. Il faut dire que si les touristes avaient pris une autre destination que l'Egypte, le pays aurait sûrement connu sa plus grande crise économique depuis sa libération du joug britannique en 1947. Heureusement, le terrorisme n'a pas eu l'ancrage souhaité par ses parrains, et l'Egypte continue d'être la Mecque du tourisme des pays arabes et musulmans. A titre d'exemple, la Tunisie avec ses quelque 5 millions de touristes par an reste loin derrière l'Egypte qui a enregistré l'année dernière plus de 8 millions de visiteurs. Cette année, la tendance est encore à la hausse, car au mois de mai, Le Caire et les autres villes égyptiennes ont enregistré une hausse de 15% en ce qui concerne le nombre de visiteurs étrangers. En matière de rentrées de devises, le tourisme en Egypte reste la pierre angulaire du développement du pays. Très demandeur de main-d'œuvre, le tourisme est le seul secteur qui pourrait absorber à la longue le chômage endémique qui touche une large couche de la population égyptienne évaluée à plus de 70 millions d'âmes, et composée d'une majorité confortable de moins de 20 ans. « Un million de dollars engrangé par le tourisme nous permet de créer 260 000 emplois », devait marteler le président Hosni Moubarak lors de sa dernière rencontre avec les investisseurs locaux. Et des investissements, l'Egypte compte en faire, en quantité et en qualité très prochainement. Rien que pour l'hôtellerie, malgré le nombre impressionnant de lits, la demande reste supérieure à l'offre. La chaîne Sheraton, à elle seule, totalise 7 hôtels uniquement dans la capitale égyptienne, suivie du Hilton et du Sémiramis, sans que cela soit suffisant pour absorber la masse de touristes qui débarque quotidiennement à l'aéroport du Caire. Huit milliards de livres égyptiennes vont donc être injectés dans le circuit touristique, l'équivalent de 1,2 milliard d'euros. Pour cette fois, le pactole sera misé sur la côte nord, c'est-à-dire les villes côtières longeant la mer Méditerranée, parents pauvres du tourisme égyptien. Déjà un nouvel aéroport à El Alamiya, au nord du Caire, a ouvert son tarmac aux avions étrangers, et il ne sera que le premier d'une longue liste, puisqu'il sera suivi les jours qui viennent par ceux d'El Alamein et de Ras El Hikma. Réalisés en partenariat avec des entreprises françaises et allemandes, ces aéroports auront le mérite de désengorger ceux d'Alexandrie et du Caire et permettront aux touristes d'accéder directement aux côtes de la Méditerranée. Après les palaces de Taba, Louxor et plus récemment Charm El Cheikh, sur la mer Rouge, le tourisme égyptien offrira dès cet été à ses millions de visiteurs une nouvelle côte de la mer Méditerranée, revue et corrigée à la sauce égyptienne. Et les professionnels du tourisme ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin, car là où se trouve de l'eau, devraient se trouver des touristes. C'est pourquoi le concept des hôtels flottants, concept qui date quand même de 1964, va prendre une plus grande envergure dans le paysage touristique égyptien. Véritables palaces de 5 étoiles flottants, les bateaux qui font la légendaire remontée du Nil, du Caire au barrage d'Assouan, en passant par Louxor et sa fameuse vallée des Rois, sont en passe de devenir insuffisants, vu la demande sans cesse grandissante sur les services offerts par les opérateurs égyptiens spécialisés dans le « tourisme flottant ». Bien qu'il existe actuellement plus de 270 palaces flottants, le gouvernement égyptien va encore injecter 4 milliards de livres pour la rénovation et l'achat de bateaux. Ces derniers, très sollicités à partir du mois de septembre et jusqu'au printemps, seront renforcés par d'autres unités dès la fin de l'été. C'est dire qu'au pays de Toutankhamon, le tourisme n'est pas une affaire de saison mais plutôt d'année, car les hôtels ne désemplissent jamais. Cet investissement astronomique dans le secteur du tourisme n'est pas fortuit, quand on sait que plus de 10% de la population active égyptienne assure ses revenus par le biais de cette manne. Et rien que pour cette année, l'Egypte compte récolter presque 6 milliards d'euros du secteur du tourisme et réinvestir le sixième pour attirer encore et toujours l'étranger, source de devises et de vie, donc de bien-être et de paix sociaux. Un pari qui est sans doute gagné d'avance, car l'Egyptien a, depuis longtemps, appris quelle « soupe » il faut servir à ses visiteurs, aidé en cela, il faut le dire, par ses ancêtres, les pharaons, qui ont légué à leur nombreuse descendance une histoire et des vestiges qui n'ont pas cessé de faire fantasmer aussi bien les chercheurs que les touristes en mal de sensations plusieurs fois millénaires.