L'Egypte replonge dans l'ambiance macabre des années 1990. Jamais le pays des pharaons n'a été confronté à une vague d'attentats terroristes aussi rapprochés qu'au cours de ces deux dernières années. Sur fond de pressions américaines relayées par l'opposition, demandant l'ouverture du champ politique, l'Egypte replonge dans l'ambiance macabre des années 1990 où pas moins de cinq attentats terroristes, revendiqués par la Jamaâ Islamiya, ont été perpétrés contre des ressortissants étrangers, notamment des touristes. Les derniers attentats en date ont été enregistrés, samedi en plein centre de la capitale egyptienne. Trois assaillants ont été tués et huit personnes, dont quatre étrangers, dans cette nouvelle vague d'attentats, près du Musée et de la Citadelle. Lors du premier attentat, outre le kamikaze tué, un Egyptien qui a fait exploser une bombe artisanale, huit personnes ont été blessées : un couple d'Israéliens, un Italien, un Suédois et quatre Egyptiens, selon la police. Le kamikaze s'est jeté du haut du Pont du 6 Octobre sur un groupe de touristes qui passaient au-dessous de lui. Moins d'une heure plus tard, un autre attentat a fait deux morts, deux , qui avaient tiré, sans l'atteindre, sur un bus de touristes dans un quartier très touristique, près de la Citadelle. Les deux assaillantes sont des proches du kamikaze Ihab Yousri Yacine, qui a sauté plus tôt de l'autopont, près du Musée, une zone de transit de voyageurs égyptiens. Nagat Yousri Yacine, 22 ans, soeur du kamikaze et la fiancée de ce dernier, Imane Ibrahim Khamis, 19 ans, ont tiré sur un bus de touristes dans le quartier de Sayyeda Aïcha, selon un communiqué du ministère. Nagat a ensuite tiré sur Imane la tuant sur le coup, avant de retourner l'arme contre elle. Il s'agit de la deuxième série d'attentats sanglants visant les touristes étrangers, en l'espace de trois semaines dans la capitale égyptienne. Les attentats seront aussitôt revendiqués par deux groupes, se prénommant «les Brigades du martyr Abdallah Azzam» et le «Groupe des moudjahidine d'Egypte». Pour sa part, l'imam d'Al Azhar Sayed Tantaoui a condamné «ces actes criminels et rejette tout acte de terrorisme (...) susceptible de terroriser des civils innocents». Les frères musulmans ont, quant à eux, qualifié ces attaques de «tentative pour (...) déstabiliser (l'Egypte), ce qui profite en premier lieu au projet américano-sioniste», indique un communiqué de cette organisation. A quelques mois seulement des élections présidentielles, l'Egypte est encore une fois confrontée à une vague terroriste. Une situation qui confortera le régime de Hosni Moubarak de maintenir l'état d'urgence, en vigueur depuis 1981, suite à l'assassinat de l'ancien président Anouar Es Sadate. Par ailleurs, les derniers attentats risqueraient de porter un coup dur au tourisme égyptien, qui constitue près de 80 % des entrées en devises pour ce pays. Il est utile de rappeler que malgré les mises en garde des touristes étrangers, notamment israéliens, les menaces n'ont pas été prises en considérations. D'ailleurs, près de 30.000 touristes israéliens ont passé les vacances de la Pâque juive dans la péninsule du Sinaï, en dépit de ces avertissements. Pourtant le même avertissement a été réitéré par le Centre israélien de lutte contre le terrorisme appelant les ressortissants de ce pays à ne pas se rendre en Egypte. L'avertissement avait été renouvelé le 1er mars, compte tenu d'un «haut risque d'attentat». Il convient, enfin de rappeler que l'attentat le plus meurtrier a été perpétré le 17 novembre 1997 à Louxor, faisant 62 morts, dont 58 touristes pour la plupart suisses et japonais.