Dans de violents échanges d'accusations entre le wali (qui a interrompu son congé mercredi dernier) et les associations locales et comités de quartier de Béchar Djedid sur la tournure dramatique des évènements, le wali n'a pu calmer les esprits surchauffés des représentants des citoyens de la banlieue venus demander aux autorités locales présentes à la rencontre de jeudi dernier des mesures d'apaisement comme des signes de bonne volonté de leur part. L'élargissement des quinze derniers émeutiers arrêtés non encore inculpés au cours des journées de mardi et mercredi derniers a été au centre des sollicitations formulées par les associations de Béchar Djedid. Mais le chef de l'exécutif de la wilaya a tenu à préciser son rôle en tant qu'agent de l'Etat et son incapacité à intercéder auprès de la justice souveraine pour faire libérer les personnes déjà condamnées. Mais auparavant les représentants des citoyens de Béchar Djedid ont fait savoir en présence des chefs des services de sécurité, des députés et des membres de la société civile les provocations inadmissibles auxquelles se sont livrés plusieurs membres des services de l'ordre, tout cela appuyé par des témoignages des imams, lors de leur intervention musclée. Selon eux, ces derniers ont outrepassé leur mission essentielle consistant à ramener la paix et à éviter l'embrasement. Ces mêmes services sont accusés d'avoir envenimé la situation par la violation des domiciles et les arrestations arbitraires et d'avoir lancé sans discernement les bombes lacrymogènes à l'intérieur des foyers, asphyxiant enfants, femmes et personnes âgées. Ce qui a attisé davantage la tension, ce sont, selon toujours ces associations, les excès, les bastonnades et les dérives verbales venant des représentants de l'ordre public. « Donnez-moi les noms et les matricules des auteurs de ces dépassements et je m'en chargerai », a rétorqué le wali visiblement dépassé par le tumulte et les interventions désordonnées à l'intérieur de la salle où chacun pouvait à sa guise se lever et interrompre un orateur dans un désordre indescriptible et une ambiance extrêmement tendue. Mais le calme revenu et les urgences passées en revue pour faire sortir la banlieue de Béchar Djedid de cette situation intenable, les intervenants ont mis en relief les souffrances endurées depuis longtemps par cette population de 45 000 habitants (chômage, assainissement, AEP, urbanisme débridé, routes non bitumées, mal-vivre, absence de distraction, etc.). Mais l'essentiel des préoccupations de l'heure a été focalisé sur la pressante demande d'élargir les quinze jeunes émeutiers arrêtés au cours des dernières manifestations de mardi et mercredi en fin de semaine. Le wali a demandé un délai de réflexion pour étudier le dossier et une nécessaire concertation avec les services de sécurité avant de répondre à une telle sollicitation. A 20h, après plusieurs heures de tractations et de palabres dans les coulisses et les longues attentes qui ont duré toute la journée, les associations n'ont pu finalement arracher cette concession et ramener aux émeutiers sur le pied de guerre la bonne nouvelle de la libération de leurs camarades. Les quinze derniers émeutiers ne seront pas élargis et, tard dans l'après-midi, on a appris leur incarcération par le tribunal de Béchar. Ainsi, l'espoir de voir la situation évoluer vers l'apaisement s'est amenuisé. Vers 20h, ce jeudi, les émeutiers sont redescendus dans les rues pour renouer avec le cycle de la violence qui a fait, aux dernières nouvelles, plusieurs blessés et de nouvelles arrestations.