Le 4e Festival national du rock de Annaba s'est achevé tard dans la soirée de jeudi. Au-delà de la participation de la trentaine de groupes issus de 14 wilayas du pays, invités par les organisateurs - l'Union nationale des étudiants algériens (UNEA) et l'Office communal de la culture et des sports (OCCS), nous retiendrons que cette manifestation culturelle a été une réussite. Ainsi, du 9 au 12 août, au théâtre de verdure Mohamed Boudiaf, se sont succédé sur la scène plusieurs dizaines de jeunes artistes. Tour à tour, sous des habits de musiciens ou de chanteurs, ils ont puisé leur inspiration dans la tradition des rockers de plusieurs continents. recherche musicale Il s'agissait pour chacun d'eux d'amener les spectateurs à découvrir une musique hors du temps évoquant d'autres lieux, d'autres cultures et nuages de sons. Plusieurs de ces groupes notamment ceux de Constantine, Annaba, Skikda et Guelma ont réussi à montrer leur habileté à mélanger les styles et à prouver qu'ils étaient capables de se sentir à l'aise dans n'importe quel contexte musical. Durant les 4 soirées et en présence d'un nombreux public dont une minorité avait payé le droit d'accès de 100 DA fixé par l'UNEA, avec ou sans expérience, ils ont apporté leur technique et leur doigté à se jouer des tempos et des difficultés harmoniques pour offrir une musique rock de qualité. D'autres ont préféré se lancer dans un répertoire varié et orignal en jouant le plus souvent sur le tempo médium avec du punch et une énergie non négligeable. Les uns et les autres ont proposé au public quelques morceaux marquants et tranchants par l'alliance d'une certaine richesse dans la reprise avec une apparente simplicité dans la formulation. Solitaire ou Solitude, un morceau repris par le groupe Dark Strom de Guelma fait partie du lot de ces morceaux que caractérise un mélange très complexe de descentes chromatiques. Alger et Oum El Bouaghi ont été les groupes les plus applaudis. Il y avait de quoi quand on sait que leur musique rock donnait l'impression que chaque thème était le support, la personnification d'une possibilité irréductible et le point d'ancrage d'une certaine recherche musicale. Ces deux groupes auxquels l'on ajoutera ceux de Annaba, Guelma et Constantine ont proposé un jeu rythmique et mélodique à la fois stable et très riche sur une suite de notes canoniques. Un beau tableau, n'était cette tendance presque générale de nombreux participants à ce festival à essayer de concevoir une musique plutôt d'une façon collective qu'individuelle. Cette attitude a eu pour avantage de mettre en valeur les qualités spécifiques de chaque musicien composant le quartette ou le quintette certes, mais elle a été néfaste à la cohésion des morceaux de musique choisis. Ainsi, durant les quatre soirées de ce 4e Festival national du rock à Annaba, des spectateurs, bien au fait de tout ce qui touche de près ou de loin à la musique rock, ont relevé pas mal d'imperfections. Pour ces spectateurs, les compositions fournies par certains groupes sont apparues comme une juxtaposition un peu hétéroclite de bribes d'idées plutôt qu'une musique formant un tout sur le rock. « Bien que le niveau de ce festival soit, musicalement parlant, meilleur que les 3 précédentes éditions, je dois dire que lors des prestations des groupes, l'inspiration n'est apparue qu'au niveau de brèves phases mélodiques ou rythmiques. Beaucoup d'artistes ont manqué de personnalité en se limitant à des ressemblances dans les comportements et dans les tons avec des étoiles du rock mondial », a estimé Adel Bouhadjilah, un rocker endurci de 45 ans qui semble savoir ce que le rock veut dire. Autre remarque : les animateurs de certains groupes avaient tendance à vouloir éblouir le public du rock par des exploits techniques de toutes sortes ou par une surenchère d'excentricités dans le gestuel. Et pourtant par-delà toutes ces remarques, tous les groupes ont offert à entendre une musique rock des plus raffinées. Un festival tout de même réussi, et tant l'UNEA que la direction de l'OCCS méritent un coup de chapeau. A souligner, cependant, cette intrusion, lors de la dernière soirée du festival, des policiers qui auraient été chargés par leur supérieur de mettre un terme au festival pour une question de non-présentation d'autorisation. Comme le ridicule ne tue point dans un pays où tout ce qui est beau, bon, sincère, engagé et bénéfique à la communauté doit être cloué au pilori, il fallait bien que, par leur ignorance, de médiocres personnages aient tenté de gâcher la fête. Une autorisation pour une manifestation culturelle nationale annoncée depuis plusieurs mois par tous les médias, y compris par la télévision et par des affiches placardées partout sur les murs de la ville, qui plus est parrainée par le premier magistrat de la ville, c'est à croire que l'officier de police auteur de la démarche arrivait tout droit d'une autre planète. Espérons qu'il ne récidivera pas lors du Festival national de la gasba (flûte traditionnelle) qu'organisera, du 21 au 24 août, l'OCCS de Annaba.