En cette journée d'hier, à la canicule tueuse à Es Sénia (Oran), les travailleurs de la Société d'impression de l'Ouest (SIO) approchés ont été unanimes pour rejeter le mot d'ordre de grève prévue mardi et mercredi prochains. « Nous ne sommes en aucun cas concernés par ce débrayage initié par la Coordination nationale des syndicats des imprimeries de l'Etat », affirment-ils. A un ordre de débrayage perçu comme « venu d'en haut », le comité de participation, les travailleurs et des syndicalistes rencontrés sur les lieux prévoient de « travailler normalement durant les nuits de mardi et mercredi prochains ». « Personne ne nous a consultés. On ne bougera pas. Le dernier travailleur ici touche 20 000 DA par mois. Il y en a même qui perçoivent un salaire mensuel de 50 000 DA. » A vrai dire, nos interlocuteurs n'avaient pas vraiment apprécié leur mise à l'écart de « tout ce qui se trame à Alger ». Frustrés par leur mise à l'écart par l'union locale de l'UGTA, les syndicalistes membres de la section de l'entreprise, exclus, ont manifesté leur courroux. La section syndicale de la SIO, qui se débat dans une crise organique (elle a été suspendue par l'union locale de l'UGTA le 23 mai dernier pour « dépassement des prérogatives des statuts et du règlement intérieur de l'UGTA »), se démarque de tout mouvement de débrayage. Trois de ses membres ont vu leurs activités gelées et deux autres leur mandat retiré. « On exige de la centrale syndicale de diligenter une commission d'enquête afin de résoudre la crise », revendique M. Khefif, membre du conseil de participation. En attendant l'assemblée générale élective, le syndicat d'entreprise se débat dans une crise sans précédent. En montrant du doigt la coordination qui coopte un représentant qui est loin d'avoir le soutien de la base, l'ex-secrétaire général de la section syndicale, Telli Abdelkader, et Kaïd Omar, chargé de l'organique, ont rejeté en bloc la plate-forme de revendications émises par leur hiérarchie syndicale. Un plate-forme qui revendique « une augmentation de salaire de 30%, une revalorisation de l'indemnité d'expérience professionnelle (IEP), à 4% au lieu de 2,8 % actuellement, 24 mois de salaire de poste comme indemnités de départ à la retraite, 5000 DA de frais de mission, 8000 DA pour le conventionnement de véhicule, 1500 DA d'indemnités de salaire unique et une prise en charge totale des membres de la coordination pendant l'exercice de leurs fonctions ». En somme, des doléances jugées irréalistes par nos interlocuteurs. L'entreprise, gérée par un directoire du holding de presse et de communication, semble être comme toutes les entreprises d'impression d'Etat, ayant un actif net négatif ou une situation de déséquilibre financier. Mais cela n'empêche pas la SIO d'investir 70 milliards pour l'acquisition d'une rotative haut de gamme qu'elle entend installer avant la fin de l'année. Avec 26 quotidiens et 4 hebdomadaires et un tirage quotidien avoisinant les 300 000 exemplaires, cet imprimeur public voit grand.