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Les dernières heures avec les élus locaux
Tizi Ouzou tente de s'adapter à une nouvelle situation
Publié dans El Watan le 20 - 07 - 2005

Un étrange compte à rebours s'est enclenché aux sièges des APC depuis le dernier Conseil des ministres. Dans les couloirs des Assemblées locales, une autorité en lambeaux tente de faire fonctionner les différents services.
Les citoyens se pressent devant les guichets d'état civil tournant presque en roue libre tandis qu'un calme lourd règne aux étages supérieurs réservés aux élus. On demande le bureau du président de l'APC comme on demande, dans un hôpital, la salle des comas dépassés. Nous avons vécu les dernières heures des Assemblées communales en compagnie d'élus qui, affalés sur leur siège, attendent avec une colère rentrée le couperet présidentiel. Irdjen, une commune de 15 000 habitants, à une vingtaine de kilomètres à l'est de Tizi Ouzou, a été l'un des terrains les plus mouvementés des événements du printemps noir. Aujourd'hui, c'est une commune sans services de sécurité. Les citoyens oublient les gendarmes calfeutrés dans leur brigade qui n'a pas été délocalisée. Il n'y a ni policiers ni gardes communaux qui sont habituellement les services de sécurité des communes pauvres. Pour joindre le président d'APC, il y a un seul moyen : se présenter à son bureau. Le téléphone est coupé pour non-paiement. Pour accéder au bureau du président, il faut passer par une porte blindée. « Auparavant, il y avait une porte en aluminium. Elle a été arrachée. Nous l'avons remplacée par celle-là », nous dira le maire. Il faut plus qu'une émeute pour venir à bout de la ferraille qui ferme le couloir. Les élus enfin en sécurité, pensaient-ils. Ce n'était qu'illusion. La pression a cessé dans la rue, mais le coup de grâce est venu du sommet de l'Etat. Imparable et irrévocable. « Nous avons été élus dans un climat de guerre. On nous appelait chaque matin pour nous dire de tenir bon, de ne pas reculer. Toutes les autorités nous soutenaient : administration, services de sécurité et aussi le parti. Aujourd'hui, tout le monde nous lâche. On donne raison aux gens qui cassaient et on nous montre la porte de sortie », nous dit le président d'APC, Mbarek Cherrou. Il avait conduit la liste FLN qui a obtenu les neuf sièges de l'APC. Les suffrages ? Une soixantaine de voix exprimées. « J'aurais obtenu 3000 voix s'il n'y avait pas empêchement », assure le maire. « Si c'était à refaire, je ne le referais pas. J'ai déposé une cinquantaine de plaintes restées sans suite. S'il y avait une seule plainte contre moi, on m'aurait embarqué », clame le président. En sueur, il essaie de faire fonctionner un climatiseur éventré. « Le siège de l'APC a été saccagé à trois reprises. Vous voyez, il n'y a plus rien. On n'a renouvelé que la photocopieuse », signale-t-il. Il n'y a plus aucun document dans la bibliothèque qui risque de s'écrouler à la moindre manipulation. « J'ai fait une annonce dans le journal pour appeler les citoyens à renouveler les demandes de logements sociaux. Tout avait été brûlé pendant les événements », dit calmement le maire. Son regard s'embue quand il parle de sa famille. Elle a été évacuée de l'étage par les gendarmes un jour où le feu était mis au rez-de-chaussée de l'APC. « J'ai pris un logement à 30 km d'ici. Mes enfants sont traumatisés et il est impossible de les convaincre de venir ici, ne serait-ce qu'en visite. » Il s'agit de dommages collatéraux dont on n'a jamais parlé jusqu'ici. Les élus et leur famille passent désormais dans la rubrique pertes et profits. « C'est pour résoudre la crise qu'on a décidé de notre départ ? Je ne crois pas. On nous a coupé les vannes dès notre installation. Regardez ce qui nous a été accordé en PCD cette année », ajoute-t-il. Il nous montre le contenu du programme de développement communal paraphé par toutes les administrations, de la daïra à la wilaya : deux pistes, 900 m vers le village Bouilef et 1900 m entre Aït Halli et Adeni. Un budget de moins de 450 millions de centimes pour subvenir aux besoins de développement des 15 000 habitants. « J'ai transmis plus de 30 fiches techniques, allant de l'assainissement à l'éclairage public et à l'AEP et voyez ce qu'on m'accorde », s'insurge le maire. Sans suffrages, puis sans budget et à présent sans existence même en tant qu'élus. Ils sont lâchés dans le vide. Y a-t-il un parachute ? Ils ne savent pas. « Demain, on ne sait pas où aller ni quoi faire. C'est pourtant pas nous qui avons tué », lâche, pour conclure, Mbarek Cherrou.
« Inspiration » politique
Cherif Aït Ahmed, le président de l'APC de Tizi Ouzou, est collé à son téléphone. Il est question du Conseil des ministres et du décret présidentiel. « Il va peut-être signer aujourd'hui », dit-il. Le portrait de celui qui doit « signer » est absent du bureau du P/APC. Gêné aux entournures, le maire de Tizi Ouzou explique : « Je l'ai prêté (portrait du président de la République, ndlr) à une institution qui n'en disposait pas à l'occasion du 5 Juillet. On va le récupérer. » Bouteflika reviendra sans doute dans le bureau du maire après le départ de celui-ci. Le portrait du président du FFS, Hocine Aït Ahmed, est par contre accroché à gauche et à droite du vaste bureau. « C'est l'inspiration politique », acquiesce le maire. Filiale aussi. Le non a valu des préjugés favorables à Chérif Aït Ahmed à son installation à la tête de l'Assemblée en octobre 2004, suite à des frictions entre élus du FFS. 3 élus sur 12 ont été radiés du parti suite à un long bras de fer qui a beaucoup coûté à la collectivité. L'APC allait être remise sur les rails, pensait le commun des citoyens du chef-lieu de wilaya. C'était compter sans la wilaya justement. Le wali bloque le budget de la commune exigeant de réduire de façon drastique le personnel pléthorique de la mairie. A peine installé, le président d'APC est mis face à la pire des tâches que peut rencontrer un gestionnaire : la réduction du personnel. Les recrutements opérés par les exécutifs précédents ont été anarchiques. L'on a engagé à tour de bras. 1100 vacataires au total. Le nouveau maire résilie 300 contrats, mais cela n'était pas suffisant aux yeux de l'administration de wilaya. Les licenciés protestent et ceux qui restent dans les effectifs ne sont pas payés depuis six mois, le budget 2005 n'étant toujours pas revenu des circuits d'approbation. « En cette période de l'année, on devrait consommer le budget supplémentaire, alors que nous n'avons même pas entamé le budget primitif. Nous travaillons à crédit avec les gens qui nous font confiance. Nous commettons irrégularité sur irrégularité puisqu'il n'ya pas eu approbation du budget », signale Chérif Aït Ahmed. Le blocage du budget n'est rien devant la décision de dissolution de l'APC. « Ce sera un grave précédent. C'est de l'aventurisme pur et simple. C'est dommage pour l'Etat qui n'arrive pas à se construire, parce que la consolidation de l'Etat passe par la démocratie locale à travers les partis politiques », dit Aït Ahmed, le maire. « Ce ne sont pas les élus qui sont à plaindre dans cette affaire, mais le sort de l'Etat, car on donne l'image d'une république bananière », ajoute-t-il. Au lendemain des élections mouvementées du 10 octobre 2002, les élus locaux avaient reçu les satisfecit officiels. Le maire se rappelle de la période de grâce. « Tout le monde était content, car nous avions sauvé l'unité nationale et renforcé le socle institutionnel. De notre côté, nous ne voulions pas laisser la région sans représentation populaire. » Aujourd'hui, l'on se souvient qu'ils ont été « mal élus ». Il y a eu un millier de votants à Tizi Ouzou sur 50 000 électeurs. « Il fallait avoir le courage de braver le danger à cette période. Violence, barricades, menaces physiques contre les candidats et les électeurs », souligne le maire. « Si l'on remonte les pendules de l'histoire, on se rendra compte que c'est le pouvoir en place qui est entaché d'illégitimité. » Ceux que l'on désigne d'« indus élus » ont, selon Chérif Aït Ahmed, « bel et bien une légitimité que l'on a constatée lors des actions de proximité. Nous avons travaillé avec les comités des villages qui nous expriment leur soutien à chaque rencontre. En quelques mois, nous avons réconcilié la population avec l'APC. Nous avons assuré une écoute des doléances et la prise en charge rapide de quelques actions sur le terrain pour prouver que l'Assemblée communale était présente ». Le décret de dissolution sera exécutoire. Les élus savent qu'ils ne peuvent opposer aucune résistance. « Nous sommes légalistes et nous réclamons le respect de la légalité. Notre réponse sera politique et nous participerons aux actions que décidera le parti », dit Aït Ahmed. Va-t-il se représenter à de futures élections locales ? Le maire de Tizi Ouzou n'est pas enthousiasmé par l'idée de reconquérir l'APC : « En l'état actuel des codes communal et de wilaya, l'élu ne peut pas assurer son rôle politique. Il n'est qu'un exécutant administratif. Tous les actes de gestion sont soumis à l'aval de l'administration qui juge non seulement de leur légalité, mais aussi de leur opportunité ! » Le maire reprend son téléphone en contemplant la forêt de Redjaouna ravagée par le feu. A Alger, rien de nouveau. Accrochée au mur, une photo historique réunit dans un même plan Hocine Aït Ahmed, Boudiaf, Ben Bella, Krim Belkacem, Bitat... Toujours pas de traces du Président
Appel non entendu
La commune de Draâ Ben Khedda a enregistré, le 10 octobre 2002, un taux de participation de 28%. Un niveau acceptable et une répartition équilibrée entre les différentes formations politiques (5 sièges FLN, 3 FFS, 2 MSP, 1 RND). Des conditions d'élection plus proches de celles d'Alger que de Tizi Ouzou, mais cela n'empêche pas les élus locaux d'être frappés de la dénomination quasi officielle d'« indus élus ». « Le vote s'était bien passé et toutes les urnes ont été dépouillées. La gent féminine n'a pas voté vu le climat de peur, même s'il n'y avait pas de troubles. Notre campagne électorale a servi à rassurer la population et à la convaincre de la nécessité d'élire une Assemblée », dit un élu FLN. L'appel au retrait lancé depuis plusieurs mois par le FLN et le RND n'a pas été entendu à l'APC de Draâ Ben Khedda. Les élus des deux partis n'y ont pas souscrit, n'ayant pas obtenu d'explications convaincantes de leur direction politique. « La crise, ce sera notre départ, pas la poursuite de notre mandat », nous dit Tahar Bey, élu FLN, président de la commission sociale. « Depuis qu'on est là, il y a une stabilité. Le citoyen trouve un interlocuteur. Nous recevons même les citoyens de la commune de Tirmitine où l'APC n'a pas été installée. Ils viennent ici pour établir leurs documents après le saccage du siège de leur APC. En tant que commune-mère, nous avons pu les aider. » L'élection n'a pas été empêchée à Draâ Ben Khedda. Quel motif justifierait la dissolution de l'APC ? L'amendement du code communal cite la question du développement. Il n'y a pas blocage à ce niveau dans cette collectivité qui est l'une des plus riches de la wilaya. « Nous avons signé 60 permis de construire pour la zone d'activité et certains chantiers sont lancés. La zone était déserte à notre arrivée », dit M. Bey. Sur son bureau, on aperçoit un document portant le sigle Blanky : « Projet de création d'une raffinerie de sucre et dérivés. » Promesse de création de 1800 emplois, dont 540 permanents, précise l'élu FLN. « Nous avons entamé les démarches pour installer ce projet dans notre commune », dit-il. Un autre projet d'envergure a récemment abouti, ajoute notre interlocuteur. « Ce sera un parc aquatique implanté dans la zone sud-est. Nous avons obtenu le terrain. Le promoteur s'est engagé à le réaliser dans les meilleurs délais. Nous cherchons aussi des partenaires pour une nouvelle gare routière et nous avons avancé dans le projet d'un grand marché de gros », dit Tahar Bey. Et d'ajouter : « Un seul mandat est insuffisant pour mener à terme l'ensemble du programme que nous avons tracé. ». Quant à écourter le premier mandat... les élus de Draâ Ben Khedda restent sans voix, alors qu'ils n'en ont pas manqué au départ : le président de l'APC est en congé depuis une semaine, nous a-t-on dit. Il a dû préférer ne pas être là quand tous les élus locaux seront mis en congé d'office.


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