La cour d'appel a renvoyé les affaires à la demande de la défense, motivée par le fait que les avocats n'ont été avisés que la veille. Quatre procès en appel, qui concernent Mohamed Benchicou, cinq journalistes du défunt Le Matin, suspendu le 23 juillet 2004, le chroniqueur Sid-Ahmed Semiane et le caricaturiste Ali Dilem, ont été renvoyés au 7 septembre par la cour d'Alger, à la demande de la défense. La demande de report a été motivée par le fait que les avocats de la défense n'ont été avisés que la veille de l'enrôlement des affaires, mardi 19 juillet. Les procès ont été programmés pour la journée d'hier, mercredi 20 juillet. Mohamed Benchicou, qui entame son 14e mois à la prison d'El Harrach, a été ramené à l'audience, ensuite reconduit à son cachot, après avoir entendu le renvoi. Ainsi, il est à sa 27e comparution devant le tribunal, depuis son incarcération, le 14 juillet 2004, pour « une affaire de bons de caisse », montée de toutes pièces, selon ses avocats. Il y a eu condamnation à la prison ferme dans les quatre affaires en appel. Deux anciennes enrôlées en décembre 2004. Deux jugées en avril 2005. Dans les deux premières affaires, Mohamed Benchicou, Ali Dilem et Sid-Ahmed Semiane ont été condamnés à six mois de prison ferme et la journaliste Ghada Hamrouche à six mois avec sursis. Dilem et Semiane pour « atteinte à corps constitué », qu'est le ministère de la Défense nationale. Ghada Hamrouche, pour avoir recueilli, en avril 2002, les propos de ces derniers, suite à une averse de procès qui s'était abattue sur eux à l'époque. Benchicou, condamné aussi en tant que directeur du Matin. Les deux dernières affaires sont celle opposant Le Matin à Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, et l'autre qui répondait à une plainte du milliardaire émirati Al Shorafa. Les verdicts étaient de trois mois de prison ferme dans la première affaire et de deux mois dans la deuxième. En plus de Benchicou, qui a accumulé cinq mois de prison, quatre autres journalistes ont été condamnés, à savoir Yasmine Feroukhi et Youcef Rezzoug dans la première, Abla Chérif et Hassan Zerouky dans la seconde. Le comité Benchicou pour les libertés a saisi, hier, l'occasion pour dénoncer, encore une fois, l'atteinte à la liberté de la presse et le harcèlement judiciaire que subissent les journalistes au quotidien. Dans un communiqué transmis à notre rédaction, le comité a rappelé les faits, en soulignant que la condamnation de ces journalistes en avril dernier « a donné le la aux tribunaux qui ont, depuis, prononcé de lourdes peines contre des journalistes, dont Dilem et Farid Alilat du journal Liberté, condamnés chacun à une année ferme ». Le comité a exprimé, dans le même communiqué, sa crainte que « le Pouvoir passe à la vitesse supérieure en ordonnant de jeter encore des journalistes en prison pour leurs écrits, au moment où les ONG internationales l'invitent à renoncer à la répression qu'il exerce contre les titres qui dérangent (...) ».