Les résidents du centre de transit de Boumati comptent organiser, aujourd'hui, un rassemblement devant la circonscription urbaine d'El Harrach pour protester contre « les conditions inhumaines » dans lesquelles ils vivent depuis plusieurs années. A travers cette action de protestation, ils revendiquent un relogement, sinon dans des constructions décentes, du moins dans des chalets. « L'essentiel, c'est de fuir cet enfer de centre de transit », se plaignent-ils. La libération de 40 chalets situés de l'autre côté de ce bidonville n'a pas laissé indifférents ces gens qui n'arrivent pas à comprendre pourquoi les responsables cèdent ces chalets à des citoyens de Bab El Oued alors qu'ils s'estiment « prioritaires ». Ce qui a par ailleurs attisé la colère des concernés, c'est l'évacuation de six familles, habitant le centre de transit en question depuis une vingtaine de jours, vers des chalets. « Deux poids, deux mesures », estiment-ils. En effet, plus de 150 familles vivent depuis 1994 dans cet endroit infernal. Placés dans le centre pour un transit qui ne devait pas dépasser six mois, les habitants se disent « las des promesses non tenues de la part de l'APC et de la wilaya déléguée d'El Harrach ». Bâti dans un endroit isolé, le site en question n'est pourtant pas loin de la station de transport urbain de Boumati. Pour s'y rendre, il faut emprunter une piste poussiéreuse. Des odeurs nauséabondes vous accueillent du fait de l'existence d'un oued qui longe le baraquement, lequel est le terminal de plusieurs conduites d'eaux usées. De l'autre côté du oued, le centre de transit est limité par un chemin de fer qui représente un danger pour les résidents, notamment les enfants. Ces derniers sont en effet obligés de traverser les rails pour rejoindre leur école. Deux trains sont passés par là durant le court moment que nous avons passé sur les lieux. Un passage qui ne manque pas de produire des vibrations qui causent des fissures dans les murs des baraques. A défaut d'un ramassage d'ordures, les habitants déposent leurs déchets ménagers à même les rails, attirant ainsi les sangliers. Le centre de transit est disposé en 4 gros carrés de baraques entrecoupés par de petits couloirs ne dépassant pas 1 m de largeur. Au milieu des constructions se trouve une fourrière canine appartenant à l'Hurbal. La mise en fonction prochaine de la fourrière inquiète déjà les habitants qui s'opposent à cette ouverture. Les constructions de fortune sont agrippées les unes aux autres. Murs en parpaing et toiture de fortune, elles sont constituées de très petites chambres. La chaleur est insupportable à intérieur des bicoques. Tout le centre de transit est alimenté en électricité par un seul compteur, dont l'installation présente de gros dangers en cas de courts-circuits. La sécurité n'existe pas au sein du bidonville. Les résidents craignent de rester dehors après 19h. « Des bandes de délinquants armés font des irruptions par intermittence dans les lieux et menacent les habitants », affirment nos interlocuteurs. Ces derniers ont hâte de mettre un terme à cette situation de malvie qui perdure.