Plus de 2000 travailleurs du groupe Tonic se sont rassemblés devant le bâtiment de l'administration générale de l'entreprise pour exprimer leur inquiétude et leur solidarité avec leurs collègues licenciés, qui avoisine les 1000 employés. Ce licenciement suscite l'angoisse chez les nombreux travailleurs, qui ont perturbé la circulation des véhicules à partir de 16h en cet après-midi du 26 juillet 2005, au niveau de la route qui relie la localité de Bou Ismaïl à Koléa. Aucune violence n'a été relevée lors de ce sit-in des travailleurs de Tonic. Nous avons pu lire sur certaines pancartes portées par les travailleurs : « Tonic est en bonne santé, c'est l'avenir pour les employés », « Tonic est notre père, Tonic est notre mère », « La matière pour nos ateliers », « Préservons nos emplois, préservons Tonic ». Contactés par nos soins, des travailleurs en combinaisons de l'entreprise nous ont fait savoir qu'ils manifestent par solidarité avec leurs collègues qui viennent d'être licenciés. « Pourtant, ils ont acquis une expérience et sont devenus compétents grâce à la formation sur les machines de haute technologie. Nous avons peur que notre tour viendra très prochainement », ajoutent-ils. Ce mouvement de contestation, qui s'est amplifié au fil des minutes, n'a pas laissé les automobilistes indifférents. Nous avons pu approcher le responsable de la communication, qui se trouvait parmi les travailleuses et les travailleurs, du complexe industriel moderne et ultra-performant du géant de l'industrie du papier dans le monde arabe et le continent africain. Le responsable de la communication du groupe Tonic n'a pas mâché ses mots : « Tonic n'est pas Khalifa. L'ambition de Tonic est sincère. Pourquoi la banque, qui s'était engagée à accompagner l'entreprise dans la réalisation d'un complexe de production d'ouate et de carton ondulé, vient de revenir sur son engagement et abandonner l'entreprise algérienne, la laissant livrée à son sort ? C'est une mort à petit feu qui est ainsi programmée. Nous avons entrepris toutes les démarches auprès de la BADR et du ministère des Finances pour établir un échéancier de remboursement, mais surtout pour achever notre plan d'investissement selon nos prévisions. Tonic, qui s'est implantée dans une zone durant les moments tragiques qui ont marqué l'histoire de notre pays, se retrouve aujourd'hui menacée de disparition. Nous avons un label que nous devons défendre. L'entreprise joue un rôle économique et social considérable, non seulement dans cette partie de la wilaya de Tipaza, mais à travers tout notre pays. Tonic n'est plus en mesure de supporter sur ses fonds propres toutes les charges, y compris celles qui sont liées à l'achèvement de notre futur complexe. Nous pouvons d'ores et déjà affirmer qu'en l'état actuel de la situation, la production du papier, prévue à partir de décembre 2005, n'est plus possible. Le licenciement du personnel s'est imposé. Tonic est asphyxié par les dernières mesures prises par la BADR à son encontre », dira le responsable de la communication. Contacté par nos soins, un responsable de la BADR confirme qu'effectivement la ligne de crédit est suspendue. Même le ministre des Finances est informé de la situation. « Je suis au courant du licenciement des travailleurs de Tonic », nous dit-il. Un cadre de Tonic nous informe que des équipements importés d'Allemagne et de Finlande pour une valeur de 100 millions d'euros se trouvent bloqués au port d'Alger. Beaucoup de personnes continuent à s'interroger sur l'origine et les conséquences de ces problèmes qui se posent à Tonic. La détermination des travailleurs suffira-t-elle pour trouver une issue heureuse au géant ?