Devant le retard enregistré pour le traitement de l'affaire des 14 employés licenciés en plein mois de Ramadhan, les travailleurs de Hassi-Messaoud menacent de recourir à d'autres formes de protestation pour exiger la réintégration de leurs collègues licenciés dans des conditions humiliantes. “Nous demeurons attentifs à toute évolution de nos justes revendications et déclarons notre fermeté et notre détermination à les faire aboutir en recourant à tous les moyens légaux”, lit-on dans une déclaration signée par plus de 2 255 travailleurs de Hassi-Messaoud dont une copie est en notre possession. Les protestataires, qui se félicitent de la position du syndicat national d'entreprise pour l'effort entrepris dans le sens du règlement de ce problème s'en prennent, en revanche, à la section syndicale de Hassi-Messaoud, lui reprochant d'avoir non seulement fermé les yeux sur cette décision de licenciement mais de l'avoir cautionnée. “Nous dénonçons et condamnons la passivité et l'aplat-entrisme dont s'est distingué la section syndicale de base qui a affiché un mépris sans précédent à l'égard de leurs collègues travailleurs en approuvant des sanctions laissant quatorze familles dans la détresse”, affirment les travailleurs qui ont préféré recourir à une grève de la faim plutôt qu'à un débrayage. “Etant conscients des enjeux, par ce geste qui touche à la santé des travailleurs, nous avons exprimé un mécontentement qui a trop couvé”, écrivent-ils encore. Et d'ajouter : “On a dénoncé les licenciements abusifs, l'intimidation, le mépris, la nonchalance et la fuite en avant des centres de décisions de Sonatrach.” Par ailleurs, cette affaire continue à susciter un large mouvement de solidarité dans le milieu des travailleurs, notamment chez les adhérents de l'UGTA qui n'ont pas compris le silence de la section syndicale censée assurer la défense des travailleurs. “Ce n'est pas dans les traditions de l'UGTA de fermer les yeux sur des sanctions aussi dures”, nous ont affirmé hier de nombreux responsables syndicaux, visiblement très gênés par la tournure prise par cette affaire qui a sensiblement terni l'image de l'organisation syndicale à Hassi-Messaoud. D'autres ont trouvé curieux qu'un syndicat approuve les licenciements en plein mois sacré. “Quel que soit le degré de la faute, nous estimons que les sanctions sont très disproportionnées et surtout en plein mois de la rahma où doivent se multiplier les gestes de solidarité”. Sur le plan de la procédure, des syndicalistes nous ont indiqué hier que les décisions de licenciement sont entachées d'irrégularités et qu'elles ont été prises en violation de la convention d'entreprise et de la disposition 73 de la loi 90/11 relative aux relations de travail dans le secteur économique. Joint hier par téléphone, le secrétaire général, M. Lamouri, s'est dit optimiste quant à l'issue que connaîtra cette affaire tout en réitérant sa solidarité avec les travailleurs licenciés qu'il défendra le moment voulu, nous a-t-il précisé. Il explique le retard du traitement de cette affaire par le fait que c'est d'usage que ce genre de procédures prend un peu de temps. “Nous attendons les dossiers avec les observations de tous les responsables concernés de la direction régionale de Hassi-Messaoud pour les traiter au niveau du conseil supérieur de discipline” avant d'affirmer encore une fois qu'“il ne laissera pas tomber ces pères de famille”. Encouragé et galvanisé par les résultats obtenus par les dernières négociations sur les salaires notamment le règlement du plus vieux problème de l'indemnité de zone (IZVTV) et fort du soutien des milliers de travailleurs notamment ceux de Hassi-Messaoud et de Hassi-R'mel, le syndicat national de Sonatrach ne veut pas que ses actions encourageantes en faveur des travailleurs de Sonatrach soient entachées par cette affaire. M. T.