L'ère du monarque Fahd Ben Abdel Aziz, arrivé sur le trône en 1982, s'est distinguée par le lancement des premières réformes politiques de l'histoire de la monarchie saoudienne. Durant le règne du roi Fahd - qui a duré vingt-trois ans -, la dynastie instaurée par les Al Saoud a connu un embryon de projet d'ouverture du champ politique. Le premier pas a été fait début 1992, un an après la fin de la guerre du Golfe. Le roi Fahd a mis alors en place un conseil consultatif appelé majliss al choura. Siègent dans ce conseil 60 membres nommés par le monarque. Le royaume était confronté, à l'époque, à une crise financière suivie d'une grogne des populations. Des années plus tard, le conseil s'est élargi à d'autres membres, toujours nommés. En 1997, le majliss comptait 90 membres, 120 en 2001 et 150 en 2005. Aucune femme n'y figure jusqu'à présent. Il s'agit d'une ouverture limitée et précautionneuse, en parfaite harmonie avec la pratique politique traditionnelle des Al Saoud, faite d'évolutions graduelles de nature à contenir toute révolution. La résistance de la famille royale à toute réforme, exprimée par une ouverture au compte-gouttes, est motivée par la peur d'un vent révolutionnaire qui aurait raison de la dynastie. Les Saoudiens les plus libéraux ont été déçus par la faible étendue des réformes opérées jusqu'à 2001. Après les attentats du 11 septembre 2001, revendiqués par l'organisation islamiste dirigée par le sinistre terroriste Oussama Ben Laden, ex-agent de la CIA, descendant d'une richissime famille saoudienne et déchu de sa nationalité, le royaume se retrouve face à une nouvelle réalité dictée par les Américains. PRESSIONS Les réformes du système politique saoudien sont ainsi devenues urgentes et incontournables. Car le vent a soufflé de l'Occident. Aux pressions occidentales s'ajoutent aussi le poids des revendications politiques exprimées par l'opposition progressiste. A partir de là, il y a eu le véritable lancement du processus de réformes. La présence de 15 Saoudiens parmi les 19 auteurs des attentats du 11 septembre 2001 a valu aux descendants des Al Saoud des critiques acerbes de l'Administration américaine. Le royaume saoudien est considéré depuis comme l'un des sponsors du terrorisme islamiste international. Des voix d'intellectuels saoudiens se sont élevées, en 2003, pour demander au prince héritier Abdallah, qui dirige le pays depuis 1995 (successeur aujourd'hui du roi Fadh), d'introduire de véritables réformes, dont une séparation des pouvoirs et un Parlement élu. Pour répondre à cette demande insistante, le prince héritier a créé en août 2003 un « centre du roi Abdel Aziz pour le dialogue national ». Un mois plus tard, quelque 300 intellectuels, universitaires et hommes d'affaires de tendance réformiste ont lancé une pétition adressée au prince héritier. Pétition signée par 51 femmes. Le courant réformiste a revendiqué un changement radical du système de gouvernance pour contrer le danger des islamistes extrémistes qui plane sur le pays. Il faut dire que depuis 2003 les attentats se sont multipliés, visant à déstabiliser le royaume. Attentats revendiqués par Al Qaîda dans la péninsule arabique. Le chemin des réformes s'est poursuivi. Ainsi, en 2004, un scrutin a été organisé pour élire la moitié des membres des 178 conseils municipaux. Il s'agissait des premières élections nationales de l'histoire du royaume. Les femmes n'ont pas pu participer. Pour réctifier le tir, plusieurs hauts responsables se sont montrés favorables à une participation féminine au prochain scrutin prévu en 2009. Nombre d'intellectuels ont demandé que le majliss soit désormais élu. Les dirigeants saoudiens ont assuré qu'ils poursuivraient dans la voie des réformes, mais ont averti que celles-ci ne pouvaient pas être inspirées du modèle occidental. Selon le Palais royal, le rythme de ces réformes devrait s'accélérer, promettant d'introduire les changements nécessaires tout en garantissant la stabilité du royaume. Cependant, trois réformateurs ont été condamnés à de lourdes peines pour avoir exigé une monarchie constitutionnelle. Cela renseigne sur les objectifs réels des réformes lancées. A préciser que depuis les années 1930, la monarchie saoudienne a toujours prôné des réformes politiques.