Hospitalisé depuis le 27 mai dernier, le souverain wahhabite est mort, tôt hier matin. Le prince Abdallah ibn Abdelaziz lui succède, alors que le ministre de la Défense, le prince Sultan ibn Abdelaziz est désigné comme héritier du trône. Malade depuis plusieurs années, Fahd ibn Abdelaziz était sous surveillance médicale régulière. Son état de santé s'est détérioré à la suite d'une embolie cérébrale en 1995, qui avait considérablement réduit ses capacités de régner sur le royaume. Il a tenté de reprendre ses activités officielles à partir de février 1996, en vain. En effet, la dégradation de son état de santé en raison des nombreuses opérations chirurgicales qu'il a subies, l'a empêché d'assurer ses fonctions. Il a même été confiné sur fauteuil roulant. Ainsi, depuis une décennie, c'est son demi-frère, Abdallah, qui dirigeait de facto le pays. De nombreuses rumeurs sur son décès ont circulé ces dernières années. Des sources médicales du King Faisal Specialist Hospital, le roi s'est éteint hier à l'aube. Depuis son hospitalisation, aucun bulletin officiel des médecins du monarque n'avait été publié, et les responsables ont toujours tenu des propos rassurants sur son état. Néanmoins, et aussi paradoxal que cela puisse paraître, jeudi dernier, le ministère de l'Intérieur avait annoncé que le roi Fahd s'était remis de sa maladie, ajoutant que la plupart des prisonniers de droit commun en Arabie avaient été amnistiés pour marquer cette occasion. Selon son entourage, le roi Fahd devait quitter l'hôpital dans les prochains jours. Né vers 1921, d'après les estimations les plus fiables, il est le huitième fils d'Abdel Aziz ibn Saoud, fondateur du royaume wahhabite. Il a occupé de nombreuses fonctions supérieures. Il a été ministre de l'Education dès 1953. Son passage dans ce secteur fut marqué par l'ouverture de l'instruction publique aux jeunes filles et l'introduction de l'enseignement des sciences. Fahd a joué un rôle important en 1964 dans la destitution du roi Saoud, dont la famille royale avait jugé incapable de gérer le pays. C'est à lui qu'avait échu la mission de demander à Saoud d'abdiquer au profit de son frère le prince Fayçal. Après l'assassinat de ce dernier en 1975, et l'avènement sur le trône du roi Khaled, Fahd est désigné en qualité de prince héritier. En raison de la santé chancelante du nouveau souverain, c'est lui qui fut chargé de diriger les affaires du royaume jusqu'en 1982, date du décès de Khaled. Durant son règne, qui a duré plus de vingt ans, il a eu à faire face à d'importants événements qui ont secoué la région, notamment les deux guerres du Golfe, où il fut amené à prendre des décisions historiques comme celle d'autoriser le déploiement de troupes américaines dans le royaume, qui abrite les deux premiers lieux saints de l'islam. Il s'est conféré en 1986, le titre de “Gardien des deux saintes mosquées, La Mecque et Médine”. Quelque peu ébranlé par la pression de l'opposition islamiste, il a engagé en 1992 les premières réformes politiques du royaume pour tenter de neutraliser cette tendance. Une année plus tard, il crée un conseil consultatif, Majlis echoura, de 60 membres, qui en compte aujourd'hui 150, tous nommés, et promulguait une loi fondamentale, sorte de constitution inspirée de la charia. K. ABDELKAMEL