Nul ne peut démentir ce constat des citoyens de la ville de Batna qui ont vécu, la nuit du 30 juillet, l'enfer, dû aux feux qui ont ravagé les forêts surplombant la ville située dans une cuvette, à 1000 m d'altitude. En effet, au nord-ouest de Batna, une longue ligne enflammée sur le versant nord du Djebel Belezma, où culmine le pic du Cèdre (2000 m), était visible à une dizaine de kilomètres. Ce brasier, accentué par le terrible sirocco soufflant à plus de 80 km/h, a transformé la capitale des Aurès en une fournaise. Par ailleurs, un second foyer, au sud-ouest, a ravagé la grande forêt des Beni Fedhala. Un épais brouillard s'élevait dans le ciel de la capitale des Aurès, soumise, à l'instar des régions est du pays, à de fortes températures avoisinant les 53°, selon les services météorologiques. Contactée, la conservation des forêts minimise les dégâts contrairement aux riverains et citoyens qui les estiment à des centaines d'hectares dévastés. Selon Hocine Mejdoub, conservateur, « nous avons recensé, depuis le 1er juin, 33 foyers d'incendie avec 59 ha ravagés », ajoutant que les sinistres du pic du Cèdre et Maâfa seraient une première pour la wilaya. Il faut savoir que la wilaya de Batna est la région la plus forestière d'Algérie, après Tlemcen et Khenchela, avec 314 000 ha. Il faut aussi rappeler qu'en 2002, les feux ont ravagé, dans Djebel Kimmel, dans la zone d'Arris, plus de 2000 ha. Les forêts de la wilaya de Batna comportent les essences forestières tels le pin d'Alep, le chêne vert et le cèdre, cet arbre millénaire qui dépérit dans l'indifférence générale. Interrogé sur l'ampleur des ravages, le conservateur déclare : « Aucun chiffre ne peut être avancé tant que l'opération est en cours. Nous avons, sur instruction du comité opérationnel de la wilaya, mobilisé tous les moyens humains et matériels. Nous sommes assistés par les éléments de l'ANP au regard de l'insécurité des zones, minées par les terroristes. Nous opérons dans des conditions difficiles. Notre vœu demeure la mise à la disparition de la wilaya d'avions anti-feu. » En effet, des camions-citernes, des tracteurs et des véhicules tout- terrains ont été déployés dans les monts de Belezma. Forestiers et sapeurs-pompiers se battent en ce moment pour venir à bout des flammes géantes. Au titre de la prévention, le conservateur regrette que la période terroriste ait imposé la suppression des postes de vigie et la défection du réseau radio du service des forêts. Au moment où nous mettons sous presse, l'offensive déclenchée par la wilaya se poursuit. Interrogé sur l'origine des feux, M. Mejdoub affirme : « Cela peut être une négligence des riverains, la cupidité des chercheurs de miel, des éleveurs pour la régénération des parcours ou des pyromanes. » Cela dit, l'observateur averti s'interroge sur le rôle des colonnes mobiles de la Protection civile dans ces cas graves d'autant que la question lancinante demeure : pourquoi l'aéronef stationné à Batna est-il parti à Tamanrasset pour l'opération criquets ?