Il est d'une évidence niaise de dire que le paysage urbain qu'affichent nos mégalopoles souffre d'une dysharmonie, voire d'une concrétion urbanistique qui enlaidit le cadre de vie de la cité. Les réflexes du laisser-aller et de l'abandon que cultive le citoyen dans sa cité prennent le pas, faut-il le dire, sur la culture du beau. L'esthétique est reléguée au profit du fonctionnel. L'esthétique n'est-il pas cet aspect dont l'homme a tant besoin dans son quotidien pour se ressourcer ? En constatant les constructions cubiques mornes, sans relief ni esthétique aucune, le premier magistrat du pays n'avait-il pas lancé à l'endroit des promoteurs et architectes, lors d'une tournée dans la wilaya d'Oran : « Rapprochez-vous des gens des Beaux-Arts ! » Propos qui dénotent, on ne peut plus clair, que la culture du beau est absente. Le concours, dès lors des Beaux-Arts, ne se révèle pas moins nécessaire quant au langage urbanistique que formulent nos architectes qui n'intègrent que rarement le côté esthétique. « Le sentiment artistique, nous explique Fateh Chergou, designer aménagiste et professeur à l'Ecole supérieure des beaux-arts, n'est guère représenté dans le cadre urbanistique (..) Le design est comme la peinture dont le matériau joue un rôle important, sinon prépondérant dans la participation de la réalisation de la toile. » En effet, Le Corbusier, architecte, urbaniste et théoricien, fut avant tout, un peintre. L'architecte italien Renzo Piano, qui fut designer aussi, intégrait l'élément décoration dans son architecture. La construction n'obéit pas ou ne se définit pas par rapport à elle-même, mais par rapport à son environnement dans lequel elle se meut, ajoute M. Chergou qui insiste sur la composante essentielle dans l'érection d'une bâtisse que sont l'architecture et le design. La mission du designer est d'améliorer un contenu et un contenant. Architecture et design De même que l'architecture, selon l'architecte égyptien Hassan Fathy, doit respecter l'homme. « Là où vous voyez des exemples d'architecture réalisés par l'homme à partir de matériaux naturels, c'est également là que vous trouverez la véritable culture. » Et que dire de certaines zones urbaines où la végétation, censée amadouer le dur quotidien du citoyen, est loin d'intégrer notre décor. Témoin les cités populeuses de Bachedjarah, de Jolie-vue et des Eucalyptus (nouvelles zones), où la grisaille du béton est maître des lieux alors que sous d'autres cieux les villes sont pratiquement nichées dans des parcs boisés et les infrastructures évitent d'agresser l'environnement naturel. En effet, les relations particulières du designer sont liées aux systèmes de production de l'architecture actuelle. Il demeure, dès lors, impératif, de trouver une réponse cohérente soumise à un compromis dans le souci de résoudre certains problèmes majeurs relatifs à l'organisation des espaces urbains (logements, jardins, plans d'eau...). « L'architecture et le design aménagement sont un langage visuel important, une composante essentielle de la culture contemporaine. Ce qui suppose qu'il faudra établir un consensus social autour de l'architecture chez nous, autrement dit, instaurer un dialogue entre concepteurs, décideurs et usagers », poursuit-il. Cela dit, il appartient à l'architecte et au designer de raccorder et d'agencer leurs différents points de vue afin de ne pas faire sombrer l'environnement dans la laideur. Il demeure donc essentiel que ces disciplines (architecture et design) travaillent en étroite collaboration, car si le designer ne doit aucunement ignorer le basique de l'architecte, il n'en demeure pas moins que ce dernier doit intégrer dans son cursus le design. « Un bon architecte, rappelle-t-il, ne doit pas tomber dans l'esquisse simpliste. Il doit maîtriser le dessin, élargir son champ à la culture du design dans la mesure où l'esthétique représente l'autre face du fonctionnel, c'est-à-dire le langage artistique censé rendre agréable le cadre bâti. » Pour ce faire, les capacités artistiques du designer aménagiste et son goût de la recherche de l'esthétique doivent être sollicités comme principes afin d'étudier et d'améliorer les différents lieux ou espaces dans lesquels « logent » les différentes constructions et autres ensembles d'aménagement urbain.