Il y a trente ans, la wilaya d'Alger comptait, en dehors des sites forestiers, plus de 900 ha d'espace verts. A présent, elle ne dispose que de 40 ha, soit moins de 1/20e de la couverture végétale. Les grands espaces verdoyants, qui prodiguent fraîcheur, apaisement, et en même temps constituent le poumon de la ville à même de résorber une partie de la pollution, ont été réduits à une portion congrue ; les concrétions urbanistiques aidant sont venues se greffer pour enlaidir davantage une capitale censée être belle. Si dans d'autres mégapoles, les normes de couverture végétale varient entre 6 à 12%, chez nous, les espaces verts rapetissent au fil des ans pour osciller entre 1 à 3%. Parallèlement à un projet de loi visant l'amélioration du cadre urbain, à travers l'énoncé de règles d'encouragement de création d'espaces verts, on apprend la livraison prochaine d'une pépinière sur une superficie de 13 ha à Bab Ezzouar, qui fournira différentes sortes de fleurs et de plantes. Entre-temps, l'intendance de l'Etablissement de développement des espaces verts d'Alger (Edeval) se met en branle, au même titre que les autres Epic de la wilaya (Netcom, Ermal, Asrout, Hurbal, entreprise de voirie, etc.) pour donner un look moins lugubre à la cité, et ce, en prévision de l'événement « Alger, capitale de la culture arabe 2007 ». Ainsi, la structure chargée d'orner les espaces de l'espèce florale est instruite de se mettre à l'heure des délégations hôtes arabes qui auront à sillonner les grands axes routiers et à arpenter les grandes places de la capitale. Pour ce faire, on se démène pour se mettre à l'ouvrage, à travers un programme spécial destiné à enjoliver les espaces publics aux convives, au moment où d'autres plants d'ornementation fraîchement mis en terre le long d'avenues sont carrément abandonnés à leur sort, séchés jusque dans leurs racines. Si nous concédons que l'écogeste ou cette culture collective de préserver son environnement est loin d'être un réflexe acquis, il n'est pas moins vrai que les gestionnaires de la cité continuent à cultiver l'indigence. On ne daigne réagir que lorsque l'espace commun est parcouru par un cortège officiel qui dévalera en trombe. Alors vive les cortèges officiels !