« Alger est la seule ville qui tourne le dos à la mer ». Ce constat liminaire, qui est établi sur un ton péremptoire par l'architecte et sociologue Djaâfar Lesbet, interpelle chacun de nous sur ce qui ne tourne pas rond dans une mégalopole dont la bande littorale s'étale sur plus de 120 km. Une sentence qui n'est pas impertinente au regard du décor urbanistique qu'offrent nos cités surexploitées, mais mal utilisées ou parfois spacieuses, mais sous-exploitées. Des infrastructures dont le fonctionnel anarchique trouve matière à tourner le dos au beau. Il est d'une évidence niaise de dire que le paysage urbain qu'affichent nos espaces urbains souffrent d'une dysharmonie qui amoche notre cadre bâti. Les réflexes du laisser-aller et l'abandon que cultive le citoyen dans sa cité ont supplanté la culture de l'organisation et de l'esthétique. Deux notions qui ne semblent pas faire bon ménage dans une ville. Elles sont éculées aussi au profit d'un cycle de transformation qui étouffe la vision des urbanistes, architectes, paysagistes designers, artistes et autres sociologues qui constituent les principaux segments impliqués dans la réalisation, l'aménagement et l'organisation d'une mégapole. Des maillons affaiblis par l'interférence d'enjeux inavoués et d'intérêts étriqués. Après des décades, la ville s'étire sur tous les flancs, éliminant corridors, espaces verts et grugeant au fil des ans un foncier non urbanisable. Voilà que le politique vient de décider de prendre le taureau par les cornes pour restituer à la cité l'image digne d'une capitale. La décision qui vient d'être prise est, convenons-en, de bon augure, dans la mesure où la dimension urbanistique est, désormais, mise en valeur par l'expression des architectes et le langage des artistes. Ces derniers, apprend-on, sont partie prenante au sein du comité du plan directeur d'aménagement et d'urbanisme, pour donner leur avis sur le plan d'aménagement de la côte littorale et autres infrastructures tels les ouvrages d'art sur lesquels les beauxaristes auront la latitude d'intervenir. Encore faut-il les laisser s'exprimer.