Les dirigeants africains ont rejeté, avant-hier à Addis-Abeba, la proposition avancée par le G4 sur des sièges pour le continent africain dans un Conseil de sécurité des Nations unies élargi. Cette entité proposait, depuis le rendez-vous de Londres où il a été créé une instance de suivi commune pour tenter de rapprocher leurs propositions et d'établir un projet commun, de faire passer le conseil de 15 à 25 membres, avec 6 nouveaux sièges permanents sans droit de veto - dont 4 seraient dévolus au G4 et 2 aux pays africains - et 4 non permanents. Le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Unité africaine, réuni jeudi dernier en session extraordinaire dans la capitale éthiopienne et auquel a pris part le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, a, en revanche, réaffirmé la position commune prise au sommet de Syrte (Libye), revendiquant deux sièges permanents avec droit de veto au Conseil de sécurité élargi. « Le sommet extraordinaire des chefs d'Etat africains a approuvé la position prise à Syrte, en Libye », a indiqué le porte-parole de l'Unité africaine, Desmond Orjiako, à l'issue de ce sommet convoqué par le président nigérian Olusegun Obasanjo, président en exercice de l'UA. Plus de 90% des représentants de 46 des 53 pays membres de l'UA ont voté en faveur de la décision de l'organisation panafricaine, celle de refuser toute réforme du Conseil de sécurité qui n'augmente pas le nombre de sièges disposant du droit de veto, a-t-il précisé. Intervenant lors de cette cession, le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, a, toute en rappelant la position algérienne sur cette question, souligné la nécessité de respecter le « consensus difficilement atteint » à Syrte concernant la réforme des Nations unies. M. Ouyahia a ainsi souligné que le mécanisme de suivi mis en place par le sommet de Syrte, en juillet dernier, avait pour mission de « présenter et de promouvoir la position consensuelle de l'Afrique et de mener des négociations dans le strict respect du consensus difficilement atteint à Syrte ». Le chef du gouvernement a ajouté : « L'ordre normal des choses aurait voulu que les négociations ainsi entamées avec les autres groupes régionaux et d'autres parties prenantes n'achoppent pas sur le premier écueil venu puisque nous savions tous combien cet exercice est complexe du fait des enjeux qu'il recèle. » Il faut dire que depuis la parution du rapport pour la réforme des Nations unies, à la fin de l'année dernière, de nombreux pays membres des Nations unies, en particulier ceux appartenant au continent africain, se sont beaucoup investis dans la recherche d'alliance pour faire valoir leur position et fédérer le maximum d'Etats membres de l'ONU autour de leurs revendications. Le rapport suggérait un élargissement du Conseil de sécurité à 25 Etats membres et octroie, dans l'une de ses formules, 2 sièges permanents sans droit de veto et 2 sièges supplémentaires non permanents au continent africain. Le chef de l'Etat, dans un message au président en exercice de l'UA le 22 juillet dernier, avait mis en garde contre une telle dérive. Il avait recommendé aux Etats membres d'éviter toute solution dictée par les contraintes ou lieu qui risquerait de passer au second plan l'ensemble des enjeux posés pour notre continent par la réforme du système des Nations unies et celle du Conseil de sécurité. Le chancelier allemand Gerhard Schröder a, quant à lui, vivement réagi hier aux critiques américaines et chinoises contre le projet du G4 et affirmé qu'il fallait encore essayer de convaincre l'Union africaine (UA). Son commentaire à propos des objections de Washington et Pékin à l'égard du projet du G4 : « Je trouve que cela n'est pas justifié au regard des prestations fournies par l'Allemagne. » Le Japon par contre n'écarterait pas de renoncer à sa demande d'un siège permanent au Conseil de sécurité, a fait savoir hier le ministe des Affaires étrangères japonais, Nobuka Machimura.