Dix-huit organisations non gouvernementales (ONG), ayant pris part samedi dernier aux travaux de la 57e session de la sous-commission des droits de l'homme de l'ONU, qui se tient du 25 juillet au 12 août à Genève, ont appelé, hier, dans un communiqué commun, à la libération des détenus politiques sahraouis. Un appel qui intervient au moment où Miguel Angel Moratinos, ministre espagnol des Affaires étrangères, parle d'une nouvelle dynamique enclenchée pour la solution du conflit du Sahara-Occidental avec la nomination d'un nouvel envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU. « Avec cette nomination, on entre dans une nouvelle dynamique de l'ONU, celle de se mettre au travail pour trouver une solution définitive au conflit du Sahara-Occidental », a notamment déclaré hier à la presse M. Moratinos, à l'issue d'entretiens avec son homologue marocain Mohamed Benaïssa. Les ONG signataires de l'appel revendiquent notamment, selon l'agence SPS, la libération de plus de 35 activistes sahraouis des droits humains, incarcérés par les autorités marocaines à la suite des manifestations pacifiques qui se sont déroulées, depuis le 21 mai 2005, dans plusieurs villes occupées du Sahara-Occidental et au Maroc, pour réclamer le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Les forces d'occupation marocaines ont répondu alors par une répression sauvage et brutale contre des manifestants pacifistes sahraouis et perpétré de graves violations des droits humains. Résultat : des dizaines de Sahraouis blessés, torturés, une trentaine jetés dans les geôles marocaines et un territoire complètement interdit par le régime chérifien aux ONG et médias internationaux. Les 18 ONG ont exhorté les autorités marocaines à la libération d'Aminetou Haildar, Ali Salem Tamek, Mohamed El Moutawakil, Brahim Noumriya, Lidri El Hocine, Messaoud Larbi et tous les prisonniers politiques sahraouis. Depuis sa cellule de la prison d'Ait Melloul (Agadir), où il moisit depuis sa déportation dans le plus grand secret dans la nuit du 1 au 2 août derniers, Ali Salem Tamek a déclaré, avant-hier, qu'il est « apte psychiquement » pour être présenté « à tous les procès », dont il a « une longue expérience avec la justice marocaine ». Réfutant ainsi « les allégations » des autorités marocaines qui veulent l'hospitaliser dans un asile d'aliénés pour troubles psychiques. M. Tamek, qui a déjà passé plusieurs années en prison dans différents mouroirs marocains, a été arrêté le 18 juillet dernier à El Ayoun et accusé par les autorités coloniales marocaines d'être le principal instigateur des manifestations déclenchées le 21 mai dernier. Depuis son transfert de la prison d'El Ayoun à celle d'Ait Melloul, il a entamé une grève de la faim et son état de santé, déjà largement entamé par 17 grèves de la faim antérieures et plusieurs maladies chroniques, ne cesse de se détériorer. A l'effet de protester contre son transfert abusif et celui de ses compatriotes prisonniers politiques, au nombre de 29, dans la Carcel negra, ils sont toujours en grève de la faim. De son côté, l'activiste sahraoui des droits humains et ancienne prisonnière politique, Aminetou Haidar, a lancé avant-hier un appel, depuis sa cellule de la Carcel negra à El Ayoun, pour la protection des activistes sahraouis des droits humains, déportés au Maroc dans plusieurs prisons. Mme Haidar a condamné « cette déportation arbitraire, injuste et inhumaine » de ses cinq compatriotes Ali Salem Tamek, Noumria Brahim, Mohamed El Moutawakil, Larbi Messaoud et Lidri Houcine. « Un acte criminel qui tend à taire les voix démocratiques qui tentent de jeter la lumière sur les violations flagrantes des droits humains au Sahara-Occidental perpétrées par l'Etat marocain », a-t-elle souligné dans un communiqué parvenu à SPS.