L'affaire de harcèlement sexuel dont a été victime une jeune employée, dans le cadre du préemploi, au siège de la DEW de Tiaret tourne carrément au scandale, quelques jours après la plainte déposée par la victime auprès du procureur général près le tribunal de Tiaret contre le directeur, son chef de service et un autre responsable de l'ADS. Affaire actuellement en instruction et pour laquelle ont été entendus dernièrement les principaux accusés, les témoins pour s'achever avec la mise sous contrôle judiciaire d'un des trois cadres incriminés. Ce jour- là, presque tout le personnel de la direction de l'emploi se trouvait devant le juge pour une confrontation sur le contenu d'une lettre adressée aux autorités judiciaires par celle qui s'estime « victime d'un harcèlement sexuel pour avoir refusé d'accéder aux desiderata de ses responsables ». La plaignante semblait décidée à en découdre avec ceux qu'elle ne s'embarrasse pas de dénoncer publiquement, devant la police et devant le magistrat instructeur. K. B., 25 ans, licenciée en sciences économiques chargée d'études depuis le 1er juillet 1999 dans le cadre du préemploi au sein de la direction de l'emploi de la wilaya de Tiaret et, bien que son contrat coure jusqu'au 31 mai 2006, elle s'est vu « refuser sa confirmation après la dotation en postes de travail permanents pour laquelle elle a postulé ». Un refus signifié en dépit des textes ministériels clairs à ce sujet, notamment le « décret exécutif 008 du 29/6/1988 du ministère du Travail et de la Protection sociale relatif aux procédures de mise en œuvre du dispositif d'insertion professionnelle des jeunes diplômés dans le cadre des contrats de préemploi » mais que la victime lie à son « refus de se soumettre aux penchants pervers de ses responsables » qui « auraient exercé sur elle des pressions terribles pour infléchir son entêtement à subir ce que d'aucuns appellent le droit de cuissage ». Affectée sous prétexte d'aider l'ANSEJ pour deux mois du 1er février 2005 au 31 mars 2005, « le directeur a tout fait pour m'éloigner face à ma ténacité » et le défi qu'elle s'est lancé pour préserver sa dignité. La plaignante n'avait pas manqué de soulever « les connivences d'intérêts connaissant les méandres d'une administration qu'elle connaît bien pour y avoir exercé six années durant ». Sa vie a failli pour autant basculer après deux tentatives de suicide. L'une aux psychotropes le 8 septembre 2004 et la deuxième spectaculaire (le 10 septembre 2004) en se jetant du haut de la trémie au centre-ville. Elle s'en sort miraculeusement mais forcée à garder le lit deux mois. Deux mois durant pendant lesquels le directeur, son adjoint et quelques travailleurs n'avaient pas manqué d'effectuer des visites chez elle (en cherchant à étouffer le scandale dit-elle) moyennant paiements des frais médicaux et honoraires du chirurgien. Rien n'y fit. La concernée continue de raconter ses mésaventures comme s'il s'agissait d'un mauvais feuilleton à l'eau de rose. La goutte qui fait déborder le vase, dira-t-elle, fut « ce jour où le sous-directeur voulait s'enfermer avec moi au bureau. Ce jour-là, j'avais crié à tue-tête mon écœurement en ameutant les travailleurs venus à la rescousse ». Un incident bruyant qui n'est pas passé inaperçu. La suite fut tragi-comique puisqu'elle dut se battre pour décrocher vainement sa permanisation contre laquelle ses bourreaux utilisaient le « chantage odieux » sur fond de « menaces ». Bien que l'affaire ait trouvé son prolongement devant la justice, rien n'indique que ces pratiques vont cesser tant leur nombre est égal au silence qu'observe dans la résignation, mêlée à une certaine fatalité, bon nombres de candidates au travail par ces temps de disette.