Haï Es Salem est un enchevêtrement de labyrinthes poudreux, où aucune corporation d'artisans de construction n'a participé à l'élévation de certaines bâtisses. L'état actuel de ce lotissement laisse apparaître des lenteurs dans la réfection des routes escarpées et jonchées de décombres. En 1995, le wali de Tipaza, par l'entremise de l'acte de vente n°78/94 du 5 décembre 1994, a rétrocédé à une société immobilière, domiciliée à Tipaza, une assiette de terrain d'une superficie de 29 000 m2 devant recevoir initialement un projet de 318 logements sociaux au lieudit Sidi Boukhris dans la commune de Khraïcia (ex-Crecia). La cession a été décidée conséquemment aux résultats de l'examen du dossier de faisabilité introduit par le gérant de la société auprès de l'inspection des Domaines de la wilaya de Tipaza et avec l'aval de la direction générale des Domaines, comme énoncé expressément dans ce qui précède l'objet principal de la copie de l'acte de vente en notre possession. Toutefois, la mise à prix du terrain d'assiette, au coût symbolique de 120 DA le mètre carré, a fait obligation au promoteur de parvenir à un état d'avancement des travaux estimés à 20 % et réalisés dans un délai qui ne saurait excéder deux années. Or, selon les révélations des riverains, qui ont eu recours à l'avis d'un collectif d'avocats, « le promoteur immobilier n'a plus donné signe de vie, en dépit des mises en demeure réglementaires, qui lui ont été adressées par l'ancien président de l'APC de Khraïcia à l'effet de procéder aux travaux de réalisation du programme originel. En tout état de cause, le promoteur a donc failli complètement à ses engagements ». Pis, ont-ils ajouté, « les statuts de la société immobilière ne font aucune référence au caractère juridique de la personnalité morale, comme le stipule la législation en vigueur. L'entreprise n'est en fait qu'une société écran, donc contraire à la loi. A ce titre, il reste maintenant aux instances juridiques d'abroger l'acte de vente ». Devant cet état de fait, le conseil communal sortant a versé, séance tenante, l'intégralité de l'assiette de parcelle au profit d'une catégorie sociale de familles démunies de la commune. Il ressort de cette manière de faire le morcellement et la répartition de portions de constructions individuelles de 150 m2 à chaque attributaire. Dès lors, naquit le lotissement Haï El Salem dans un enchevêtrement de dédales poussiéreux, où, en apparence, aucun corps de métier du bâtiment n'a œuvré à l'édification de certaines bâtisses. Et pour cause, l'esthétique architecturale a abdiqué en face des défauts dans l'exécution des ouvrages et des écarts innombrables par rapport aux règles de l'urbanisme. Le lotissement dans la situation présente accuse beaucoup de retard dans les travaux d'assainissement des routes abruptes et couvertes de gravats. « La poussière pénètre de partout en été, et en hiver, les pistes sont pratiquement impraticables », explique Lamine, un riverain qui nous a guidés tout au long de notre visite sur les lieux. Au demeurant, tout reste à faire dans un lotissement où il serait malséant de suggérer la mise en œuvre des équipements sociaux d'accompagnement, surtout lorsque l'éclairage public et le gaz viennent à manquer. Aujourd'hui, soit 10 ans jour pour jour, les résidents de Haï Es Salem, forts des décisions d'affectation, de plan de bornage et de permis de construire, réclament les actes de propriété auprès des autorités locales. Notre tentative de recueillir l'avis du P/APC s'est avérée vaine. « Le maire est en congé », se contente-t-on de nous dire à l'APC.