La Fédération internationale des journalistes (FIJ) et le Syndicat national des journalistes (SNJ) ont organisé hier à l'hôtel El Djazaïr (ancien Saint George), à Alger, un atelier intitulé « Quel service public audiovisuel en Algérie ? ». Atelier initié avec le soutien de l'Union européenne dans le cadre du programme « Médias pour la démocratie en Méditerranée de la FIJ ». La FIJ, dont un de ses membres, Marc Gruber, n'a pu participer aux travaux d'hier faute de visa. Premier intervenant, Belkacem Ahcen-Djaballah, professeur associé à l'Institut des sciences de l'information et de la communication d'Alger (ISIC) et ancien directeur général de l'APS, a souligné l'amalgame entretenu entre service public et secteur public. « La notion de service public doit être clairement définie et inscrite dans les préambules des textes organisant le secteur de la communication. Cette notion devra s'affranchir des ancrages politiques pour ne garder que des ancrages juridiques », a-t-il plaidé. Pour sa part, Brahim Brahimi, professeur à l'ISIC, a considéré que la notion de service public est dépassée au profit de celle d'intérêt général, insistant sur les nouveaux défis que pose la mondialisation de la communication, dont seul l'encouragement des cultures spécifiques peut prétendre à la freiner. Mohand Saou, éditorialiste à la Chaîne III de la Radio nationale et ancien directeur de la Chaîne II, est revenu sur le statut du journaliste dans le secteur public, soulignant la fragilité d'un statut peu négocié fondé sur une convention collective qui ne reconnaît pas la spécificité du journaliste. Khelifi Mustapha, ancien directeur de l'administration générale de la télévision, a exposé l'inadaptation des modes de gestion de la Télévision algérienne, ses lourdeurs bureaucratiques et sa fragilité financière. La télévision est sommée, selon lui, d'être tributaire de la volonté des gouvernants et d'obéir en même temps à la loi du marché. Les subventions de l'Etat, à hauteur de 73 milliards de centimes par an (la redevance coûte au téléspectateur 1,40 DA/jour), sont allouées a priori sur la base unique de l'exercice précédent. Au chapitre des dysfonctionnements, le directeur adjoint de Canal Algérie a indiqué que cette chaîne reste sans statut. « Elle a été créée sur injonction par téléphone », a révélé Khelifi Mustapha. « Le débat sur la question du service public doit être un débat de société qui ne concerne pas seulement les journalistes », a soutenu Mohand Saou. L'atelier a vu la participation de Daniel Genot, du SNJ français et ancien journaliste à France 3, et de Anis Saïd du Syndicat marocain des journalistes (SNPM). Les 11 et 12 septembre 2005, la FIJ et le SNJ organiseront à Alger un colloque sur le secteur de la communication au Maghreb.