Alors que le retrait israélien de la bande de Ghaza, prévu officiellement le 17 août, n'a pas encore commencé, les Palestiniens ont déjà débuté les festivités célébrant cet événement unique en son genre depuis le début de l'occupation israélienne des territoires palestiniens durant la guerre de 1967. Le retrait israélien se fait dans le cadre du plan de désengagement unilatéral d'avec les Palestiniens, prôné par le Premier ministre israélien Ariel Sharon. Ce plan prévoit l'évacuation des 21 colonies juives de la bande de Ghaza où vivent 8000 colons considérés comme appartenant à la tranche la plus extrémiste de la droite israélienne. 4 autres colonies isolées de la région de Djenine, dans le nord de la Cisjordanie, devraient subir le même sort. Le président palestinien Mahmoud Abbas, élu démocratiquement à la tête de l'Autorité palestinienne par le suffrage universel, sur la base d'un programme excluant la lutte armée comme moyen de reconquête des territoires palestiniens occupés, a tenu à se joindre aux milliers de Palestiniens, rassemblés au niveau du port de pêche de la ville de Ghaza pour célébrer ce retrait, qu'ils considèrent comme le fruit de leur longue lutte pour l'établissement d'un Etat indépendant. L'exiguïté de l'endroit et la densité de la foule ont pratiquement empêché le président Abbas de rester plus longtemps. Entouré de plusieurs gardes du corps, le Président a difficilement réussi à se frayer un chemin vers la scène, d'où il devait prononcer un discours. « Aujourd'hui Ghaza, demain Al qods et la Cisjordanie », a-t-il lancé à la foule. Il a rajouté : « Depuis ici, depuis ce lieu, notre nation et nos masses marchent vers l'établissement d'un Etat palestinien indépendant avec Al qods pour capitale ». Mohamad Dahlane, ministre palestinien des Affaires civiles, chargé du dossier du retrait israélien qui était à ses côtés, s'est adressé à la foule, indiquant que seul le drapeau palestinien devrait être utilisé dans ces célébrations. « Cette ère est une ère d'unité et elle mettra un terme à toute rivalité ou tout désaccord », a assuré le ministre. Hier, le Hamas, par la voix de Ismail Hanya, l'un de ses plus hauts responsables politiques, a déclaré clairement que son mouvement ne compte pas lancer d'attaques contre l'armée et les colons juifs lors du retrait. Il a par ailleurs assuré que le Hamas ne déposera pas ses armes. « Le Hamas maintient son choix de la résistance comme stratégie. Le Hamas conserve son aile militaire et son droit à posséder des armes », a-t-il dit. Haniya a aussi évoqué la relation entre son mouvement et l'Autorité palestinienne. « Le Hamas ne remplace personne. Ce n'est pas un pouvoir contrôlé par l'Autorité palestinienne ni qui l'affronte. Mais le Hamas rejette l'idée d'autoriser quelque parti que ce soit à monopoliser le processus décisionnel ». Sur le terrain, les services de sécurité palestiniens ont commencé, dès hier, un déploiement de leurs forces autour des colonies juives afin d'assurer un retrait dans le calme. L'Autorité palestinienne, qui veut imposer sa notoriété dans les territoires occupés et surtout dans la bande de Ghaza, exige que seuls les éléments de l'Autorité palestinienne soient habilités à porter des armes. Ce point de discorde devrait néanmoins être résolu par des négociations fraternelles, loin des affrontements fratricides comme ceux vécus dernièrement à Ghaza, lorsque des éléments des forces de sécurité de l'Autorité palestinienne ont essayé d'empêcher des éléments du Hamas de lancer des roquettes de type Qassam en direction du territoire israélien. La gestion du retrait israélien par les Palestiniens de tous bords reste le grand défi qu'ils devront affronter afin de montrer qu'ils sont dignes de vivre libres et indépendants dans leur propre Etat.