Sous quelque angle qu'elle soit appréhendée, la situation dans les territoires palestiniens a toujours un seul point de départ, la politique israélienne. C'est sous ce seul aspect qu'elle doit être appréciée. Et les dirigeants palestiniens se font forts d'aller vers les causes de ce conflit interpalestinien, heureusement vite circonscrit, prouvant que cela relève davantage de l'exaspération, voire du désespoir, que de l'ambition du mouvement de substituer son autorité à celle de l'armée israélienne juste après le retrait israélien de Ghaza. Il n'est pas question non plus d'affronter l'Autorité palestinienne forte de sa légitimité. Les choses sont clarifiées au plan palestinien, mais Israël entreprend de brouiller les cartes et de ramener la situation à son point de départ, c'est-à-dire à l'état de guerre, avec incursions, bombardements, et quand cela ne suffit pas, on passe aux assassinats ciblés pour ensuite déclencher la riposte des mouvements armés palestiniens, et du Hamas en particulier. En ce sens, Israël agitait hier la menace d'une opération terrestre d'envergure dans la bande de Ghaza pour stopper les tirs de roquettes tandis que son armée reprenait les assassinats ciblés de Palestiniens. Un chef local des Brigades Ezzedine Al Qassam (branche armée du Hamas), Saïd Siyam, a été tué par un tireur d'élite israélien dans la bande de Ghaza. Depuis vendredi, l'armée a tué huit combattants du Hamas dans une série de raids. Cette dernière opération porte à 4797 le nombre de tués depuis le début de l'Intifadha en septembre 2000, dont 3724 Palestiniens et 998 Israéliens. Par ailleurs, l'armée israélienne a arrêté en Cisjordanie, durant la nuit de samedi à dimanche, quinze membres présumés du Hamas et du Jihad islamique, a indiqué une porte-parole militaire. Le Premier ministre israélien Ariel Sharon a réaffirmé hier, en Conseil des ministres, que l'armée avait carte blanche pour stopper les tirs palestiniens. Sharon a réaffirmé que le retrait de la bande de Ghaza et l'évacuation des 21colonies construites depuis 1967 dans ce territoire occupé, s'effectuerait à la date prévue, à la mi- août. « Si l'Autorité palestinienne n'arrête pas les attaques, nous serons obligés d'agir à sa place », a déclaré le ministre de la Défense Shaoul Mofaz, cité par la radio. Il a toutefois relevé des « signes de détermination » de la part de la direction palestinienne face au Hamas. Selon des responsables, une opération terrestre ne serait toutefois pas lancée avant la venue, en fin de semaine dans la région, de la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice. En attendant, l'armée israélienne a déployé durant la nuit des milliers d'hommes et des blindés en renfort aux frontières de la bande de Ghaza. Ce qui ne semble pas dissuader les militants armés de poursuivre leurs opérations. En effet, quatre roquettes, tirées par des Palestiniens à partir de la bande de Ghaza, sont tombées hier matin dans le sud d'Israël. Une quinzaine d'obus de mortier ont été tirés, dans la nuit de samedi à dimanche ainsi qu'hier matin, contre des colonies de la bande de Ghaza, dont certaines sont déjà en cours d'évacuation par leurs résidents. Les tirs se sont produits bien que M. Abbas ait condamné samedi soir ces attaques, les jugeant nuisibles à la cause palestinienne. Abou Mazen, comme on l'appelle également, a constamment fait campagne contre la militarisation du soulèvement palestinien. Le principe a été parfois mal compris, mais cela n'a pas empêché son élection à la tête de l'Autorité palestinienne. Un mandat pour faire, en réalité, la paix en recourant à la politique. Une voie bien étroite et rendue encore plus difficile par la politique de terreur israélienne.