présents dans tout le pays pour surveiller les bureaux de vote et garantir le bon déroulement du scrutin. Au Venezuela, les électeurs sont appelés aujourd'hui à se prononcer sur l'éventuelle révocation du président Hugo Chavez. L'opposition milite pour le « oui » et scande dans les rues « Se va ! Se va ! » (il s'en va). Un référendum sous haute surveillance : près de 120 000 militaires sont L'opposition, qui a tant fait pour l'organisation de ce référendum révocatoire, peine encore à trouver un leader. Hétéroclite, elle manque d'unité. La Coordinadora Democratica rassemble sous sa bannière les adversaires de Chavez. C'est une mosaïque qui regroupe des syndicats, 25 partis politiques du centre gauche à l'extrême droite, des ex-guérilleros, des oligarques et 38 ONG. Les tensions entre les partis sont exacerbées par les élections régionales et municipales, en novembre 2004, dont les résultats conditionneront les moyens financiers des diverses formations. Les partis doivent désigner un candidat commun. Au Venezuela, l'élection présidentielle n'est qu'à un seul tour. Mais personne n'est jusqu'ici réellement sorti de la multitude des candidatures, car le leader de l'opposition devrait s'engager à ne pas se représenter en 2006. S'il était élu, il devrait gouverner avec un parlement majoritairement chaviste durant deux ans. Quant au référendum, pas de doute, les deux parties sont convaincues de l'emporter. La victoire du « non » est, selon Chavez, inéluctable. Les sondages le donnent gagnant, mais les chiffres varient énormément. La firme américaine North American Opinion estime à 63% la proportion de « non ». Consultores, un institut vénézuélien, revoit ce chiffre à la baisse, environ 51,5% de vote en faveur de Chavez. Cette incertitude vient vraisemblablement d'une partie croissante d'électeurs qui refusent d'afficher publiquement leur opinion. L'opposition ne faiblit pourtant pas. Jeudi 12 août 2004, les adversaires de Chavez se sont rassemblés par centaines de milliers dans l'est de la ville, leur fief, pour une dernière manifestation. Ce fut un succès. En cas de victoire, les leaders n'auront plus qu'à construire ensemble une stratégie pour gagner les élections organisées 30 jours après le référendum. Comme toujours, Chavez ironise et se moque des divisions de ses adversaires : « Pourvu qu'ils s'entendent sur une personne, capable, dimanche, d'assumer la défaite et de devenir un vrai leader. Je promets de l'inviter à déjeuner, ici, à Miraflorès (la résidence présidentielle), dès lundi ». Pour gagner le référendum, la Constitution prévoit que le « oui » doit être majoritaire et supérieur à 3,8 millions, nombre de suffrages obtenus par Chavez en 2000. Le Président a déjà annoncé qu'en cas de défaite il prendrait « quelques jours de vacances ». Et il reviendra « à la charge, en tant que candidat » à l'élection présidentielle qui suivra. Les troubles politiques au Venezuela inquiètent les marchés pétroliers, et le cours du baril monte. Avant-hier, avec les risques en Irak conjugués à l'attente du résultat du référendum, le baril de brut à New York pour livraison en septembre a frôlé les 46 dollars. Pour réduire l'incertitude au Venezuela, il faut que l'une ou l'autre des parties l'emporte massivement. Les marchés pétroliers connaissent mal l'opposition et plusieurs analystes ont fait savoir qu'ils souhaitaient qu'Hugo Chavez soit conforté dans son mandat. Alors le gouvernement de Chavez joue aussi sur ce tableau. Avant-hier à Caracas, le ministre de l'Energie, Rafael Ramirez, a déclaré que « la seule garantie de stabilité des marchés pétroliers est une victoire du président Hugo Chavez ». Le Président a cependant profité des cours historiquement hauts du pétrole, qui lui ont permis de financer sa campagne électorale.