Le président de la République compte consulter le peuple sur son projet fondamental de la réconciliation nationale vers fin septembre. L'information nous a été confirmée, hier, par une source sûre. L'idée d'un référendum se précise ainsi. Mais ce ne sera finalement pas sur l'amnistie générale, comme cela est attendu. Le Président sera appelé à s'exprimer sur un projet général qui englobera tous les aspects liés à la décennie rouge, ses séquelles et les pertes humaines et matérielles. Le discours, que prononcera aujourd'hui le président de la République devant les cadres de la nation, à Alger, sera déterminant en ce sens qu'il devrait annoncer officiellement la date exacte du référendum. En outre, le chef de l'Etat dévoilera ses intentions futures sur nombre de questions. Il devra se focaliser sur la réconciliation nationale et ses démembrements, notamment l'amnistie générale, critiquée par les ONG nationales et internationales. Il est attendu aussi qu'il énumère les étapes à suivre pour arriver à « une paix définitive et durable » qui permettra de tourner une page sombre de l'histoire des Algériens. La réconciliation nationale se veut ainsi, comme la conçoit son auteur, une nouvelle étape dans la reconstruction du pays. Une équipe regroupant d'éminents juristes, des théoriciens et des politiques s'échine, a ajouté notre source, à donner forme et contenu à ce projet cher au premier magistrat du pays. Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, a déjà évoqué le travail de ce groupe dans un entretien accordé récemment à un quotidien national. Selon lui, le référendum s'articulera autour d'un « document » que produira ce groupe de travail. Ce document, toujours selon M. Belkhadem, constituera une base fondamentale et une référence dans l'élaboration du texte de loi portant amnistie générale. Le texte sera de nature à prendre en charge toutes les séquelles laissées par la décennie rouge. Il concernera les victimes du terrorisme, les terroristes, les enfants nés dans le maquis et les acteurs politiques de la crise. Il créera un cadre légal pour indemniser les familles des victimes et tous ceux qui ont perdu des biens matériels durant « la tragédie nationale », pour reprendre le terme cher à Ahmed Ouyahia, le chef du gouvernement. On prévoit aussi l'insertion sociale des repentis dont les mains ne sont pas tachées de sang. Maintenant que la thèse du référendum s'est confirmée, nombre d'observateurs s'interrogent sur le changement de discours politique du Président qui ne parle plus d'amnistie générale, mais plutôt de réconciliation nationale. Certains observateurs estiment que les critiques des ONG internationales et les réserves émises sur l'amnistie générale y sont pour beaucoup. Ils évoquent aussi, dans la foulée, les bouleversements que connaît la scène internationale et la guerre que livrent actuellement les grandes puissances du monde au terrorisme, surtout après les attentats de Londres. Il faut dire que la conjoncture internationale est plus que jamais défavorable à toute idée d'amnistie des terroristes.